"Comment l'incertitude introduite par Trump nuit aux intérêts économiques et géopolitiques des États-Unis à long terme ?par Guy Kapayo
"Comment l'incertitude introduite par Trump nuit aux intérêts économiques et géopolitiques des États-Unis à long terme ?"
Introduction
Depuis les travaux de John Maynard Keynes, l'incertitude est reconnue comme un facteur central de l'activité économique. Contrairement au risque, qui est mesurable et probabilisable, l'incertitude désigne l'imprévisibilité fondamentale des événements futurs, ce qui affecte directement les décisions d'investissement, de consommation et de politique publique. Or, dans un système économique mondialisé, fondé sur la confiance, la stabilité des institutions et la prévisibilité des règles, toute perturbation volontaire du cadre normatif peut avoir des effets délétères à long terme, non seulement sur les échanges commerciaux, mais également sur le rayonnement stratégique d’un pays.
C’est dans ce contexte que l’on doit analyser l’impact de la présidence de Donald J. Trump (2017–2021) et sa tentative de reconquête du pouvoir à travers une politique économique dominée par le **nationalisme commercial**, la **volatilité décisionnelle**, l’**instrumentalisation du tarif douanier** et le **rejet du multilatéralisme**. À rebours de la tradition américaine de leadership économique fondée sur l’ouverture, la stabilité et l’innovation intellectuelle (matérialisée notamment par l’attribution des Prix Nobel d’économie à de nombreux chercheurs américains), Trump a introduit une dynamique d’incertitude radicale, tant sur le plan commercial que institutionnel.
Ses revirements constants sur les droits de douane, les menaces de fermeture de frontières, les sanctions unilatérales contre des entreprises étrangères, ainsi que ses discours ambigus sur la politique monétaire et migratoire, ont semé le trouble dans les milieux d’affaires, affecté les décisions d’investissement à long terme, et fragilisé l’attractivité des États-Unis comme pôle stable de croissance. Au-delà des frontières économiques, cette incertitude a rejailli sur le plan géopolitique : recul de l'influence dans les pays du Sud global, notamment en Afrique, où la Chine s’impose désormais comme un partenaire crédible, constant et engagé, en contraste flagrant avec le repli américain.
La présente étude vise à démontrer que l’incertitude systémique introduite par l’administration Trump — et potentiellement prolongée dans un second mandat — constitue une menace structurelle pour les **intérêts économiques à long terme** des États-Unis, mais aussi pour leur **crédibilité géopolitique** dans un monde de plus en plus concurrentiel. L’analyse repose d’abord sur une mise en perspective de la notion d’incertitude en économie, avant d’en examiner les manifestations concrètes dans les politiques trumpiennes. Nous explorerons ensuite les conséquences sur les flux d’investissement et sur l’image internationale des États-Unis, pour enfin évaluer le coût stratégique de ce désordre intentionnel à l’échelle globale
Chapitre 1 — L’incertitude comme poison économique : une erreur keynésienne
Dans *The General Theory of Employment, Interest and Money* (1936), John Maynard Keynes identifie l’incertitude radicale comme l’un des facteurs majeurs d’instabilité économique. Contrairement au simple risque — qui peut être modélisé statistiquement —, l’incertitude véritable, selon Keynes, est **unquantifiable et non probabilisable**. Elle reflète l’impossibilité pour les agents économiques de prévoir l’avenir avec suffisamment de confiance pour s’engager dans des projets à long terme. Or, toute économie moderne repose sur cette capacité des entreprises, des ménages et des investisseurs à anticiper un futur relativement stable pour orienter leurs décisions.
L’un des principes implicites du capitalisme libéral est la **stabilité du cadre institutionnel et juridique** : des règles claires, peu sujettes à des revirements politiques brutaux, permettent de projeter les coûts, les bénéfices et les risques à long terme. Cette confiance dans les institutions et dans la cohérence de la politique économique constitue un capital immatériel fondamental des États modernes. Lorsque ce capital est érodé, l’économie bascule dans un régime d’attentisme, de contraction de l’investissement, de ralentissement de l’innovation et, à terme, de désengagement du capital productif.
C’est précisément ce que l’on observe sous la présidence Trump. En multipliant les décisions économiques impulsives, parfois annoncées sur Twitter sans consultation préalable des acteurs concernés, l’administration américaine a créé une atmosphère d’**incertitude permanente**. Les déclarations contradictoires sur les tarifs douaniers vis-à-vis de la Chine, du Mexique ou de l’Union européenne, les menaces de relocalisation forcée d’usines, les attaques contre la Réserve fédérale ou contre les accords multilatéraux (comme l’ALENA, devenu USMCA dans la confusion), ont semé le doute sur la fiabilité de la politique économique des États-Unis.
L’un des exemples les plus emblématiques reste celui des **droits de douane fluctuants imposés à la Chine**. Annoncés comme une mesure de protection de l’industrie américaine, ces droits ont été appliqués de manière incohérente, parfois augmentés, puis allégés, puis réintroduits, au gré des tensions géopolitiques. Pour un investisseur qui possède une chaîne d’approvisionnement intégrée dans plusieurs pays, ces signaux contradictoires constituent un **risque incalculable** : doit-il relocaliser ? Anticiper d’autres sanctions ? Se diversifier ? Reporter l’investissement ? Sortir du marché américain ? Ces interrogations nourrissent une **logique de repli**, contraire aux intérêts mêmes de l’économie américaine.
À ce désordre économique s’ajoute une **incertitude institutionnelle**. Les attaques répétées contre les contre-pouvoirs (Congrès, Cour suprême, agences fédérales), les remises en cause du résultat des élections, et les menaces de représailles contre les entreprises qui n’obéissent pas aux injonctions présidentielles accentuent le sentiment d’imprévisibilité du système américain. Or, comme le notait déjà Keynes, "le climat des affaires dépend plus de la confiance que de la compétence technique". Dans ce climat, la peur prend le pas sur la logique, et le capital s’immobilise.
Ce premier constat révèle une erreur stratégique fondamentale : **Donald Trump s’est placé à rebours des enseignements keynésiens**, en pensant que la peur, la menace et l’arbitraire pouvaient susciter un sursaut productif. En réalité, ils ont généré l’effet inverse : un climat anxiogène, incompatible avec une stratégie industrielle à long terme.
Chapitre 2 — L’impact sur les investissements directs étrangers (IDE) et la confiance globale
L’économie américaine, en tant que première puissance mondiale depuis le XXe siècle, s’est construite en partie grâce à sa capacité à **attirer les capitaux étrangers**. Les Investissements Directs Étrangers (IDE) sont l’un des piliers de la croissance des États-Unis : ils alimentent l’innovation, créent des emplois, renforcent la compétitivité des territoires et permettent le financement de secteurs stratégiques, notamment la haute technologie, les infrastructures, la santé et l’énergie.
Mais cette dynamique repose sur une base immatérielle fondamentale : **la confiance dans le cadre juridique, fiscal et politique**. Lorsque cette confiance est rompue, les IDE se déplacent vers d'autres zones jugées plus stables et plus prévisibles. Or, sous la présidence Trump, les États-Unis ont progressivement perdu cet avantage de prévisibilité qui les rendait si attractifs. Plusieurs éléments empiriques viennent confirmer ce constat.
1. Le recul des IDE vers les États-Unis
Selon les données de la **Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED)**, les flux d’IDE vers les États-Unis ont connu une **baisse significative entre 2017 et 2020**. Si certains facteurs conjoncturels (comme la pandémie) ont joué un rôle, l’incertitude liée aux politiques de Trump a pesé lourdement. Les entreprises européennes et asiatiques, traditionnellement présentes sur le sol américain, ont suspendu ou réévalué leurs projets d’expansion face à des menaces constantes de sanctions, de taxes discriminatoires ou de changements unilatéraux de politique.
Par exemple, de nombreux constructeurs automobiles allemands installés au Mexique pour des raisons de coûts et de logistique ont vu leurs chaînes de production menacées par l’imposition possible — puis annulée — de tarifs douaniers sur les véhicules exportés vers les États-Unis. De telles décisions erratiques créent un **climat d’instabilité juridique** qui pousse les groupes multinationaux à réorienter leurs investissements vers des zones plus sûres, comme le Canada, l’Union européenne ou l’Asie du Sud-Est.
2. Le coût invisible de la perte de crédibilité
Au-delà des chiffres bruts, l’incertitude trumpienne a infligé un **coût invisible mais réel** à l’économie américaine : une **érosion de son image de puissance stable et ouverte**. Dans les classements internationaux sur la compétitivité (comme ceux du **World Economic Forum** ou de **Doing Business**), les États-Unis ont reculé sous l’effet des tensions commerciales, du chaos réglementaire et de la défiance des investisseurs. Même les géants technologiques, traditionnellement proches du pouvoir américain, ont exprimé des réserves face aux politiques d’immigration, de surveillance ou de guerre technologique menées sans concertation.
La remise en cause de l’ALENA (Accord de libre-échange nord-américain), remplacé dans la confusion par l’USMCA, a été perçue comme un signal d’alarme : **aucun accord signé avec les États-Unis ne semble désormais intangible**. Cela affaiblit profondément la force de négociation américaine à l’échelle mondiale, notamment face à la Chine qui, elle, multiplie les accords commerciaux durables avec l’Afrique, l’Asie et l’Amérique latine.
3. Un effet d’éviction au profit des rivaux stratégiques
La Chine, en particulier, a su capitaliser sur cette instabilité. Tandis que les États-Unis fermaient leurs portes à certaines entreprises, suspendaient des visas à des nations entières, et menaçaient de rapatrier de force les investissements, Pékin adoptait une stratégie inverse : **ouverte, partenariale, et axée sur la stabilité contractuelle**. La signature du Partenariat Économique Global Régional (RCEP), réunissant 15 pays d’Asie-Pacifique, a été interprétée comme une victoire stratégique contre le désengagement américain.
En Afrique, l’effet est encore plus net. Alors que le gouvernement Trump imposait des restrictions migratoires à plusieurs pays du continent (Nigeria, Soudan, Érythrée, Tanzanie…), la Chine ouvrait ses marchés aux exportations africaines et injectait des capitaux dans les infrastructures locales via l’initiative Belt and Road. L’incertitude américaine a donc **cédé le terrain à une puissance rivale**, dans une région stratégique du Sud global.
Chapitre 3 — L'incertitude comme désastre géopolitique et diplomatique
L'incertitude ne nuit pas seulement aux décisions économiques internes ou à l’attractivité des IDE ; elle affecte profondément la **position géopolitique des États-Unis**. Une puissance mondiale repose autant sur sa capacité militaire que sur la **prévisibilité de ses engagements internationaux**, la constance de ses alliances, et la fiabilité de sa diplomatie. Or, la présidence de Donald Trump a introduit un degré inédit de volatilité dans la politique étrangère américaine, semant le doute aussi bien chez ses alliés que chez ses rivaux.
1. Affaiblissement des alliances historiques
Le retrait brutal des États-Unis de plusieurs accords multilatéraux — tels que **l’Accord de Paris sur le climat**, **l’accord sur le nucléaire iranien (JCPOA)**, ou encore **l’Organisation Mondiale de la Santé** — a ébranlé la confiance que les partenaires de Washington pouvaient avoir dans la stabilité de ses engagements. Cette instabilité a particulièrement inquiété les membres de l’Union européenne et de l’OTAN, qui ont vu les fondements mêmes de la coopération transatlantique remis en cause par des déclarations présidentielles jugées humiliantes ou menaçantes.
En traitant certains de ses alliés de « profiteurs » ou en laissant entendre que l’article 5 de la charte de l’OTAN (la défense collective) pourrait ne pas être honoré, Trump a brisé un **tabou stratégique** : la mise en doute de la parole américaine. Cela a forcé des pays comme l’Allemagne ou la France à évoquer, pour la première fois depuis la guerre froide, l'idée d’une **autonomie stratégique européenne**, indépendamment de Washington.
2. Le retrait du leadership normatif au profit d’acteurs autoritaires
Historiquement, les États-Unis ont joué un rôle de **leader normatif dans les institutions internationales** : défense des droits de l’homme, de la démocratie libérale, du libre-échange, et du multilatéralisme. Ce leadership a servi leurs intérêts, non par pure idéologie, mais parce qu’il structurait un ordre mondial favorable à leurs entreprises, à leur monnaie (le dollar), à leur technologie, et à leurs alliances militaires.
Mais en retirant brutalement les États-Unis des enceintes internationales, en adoptant un ton unilatéral et souvent hostile aux principes démocratiques eux-mêmes (interdiction de visas, attaques contre la presse, insultes à des dirigeants étrangers), Donald Trump a laissé un vide idéologique dans lequel se sont engouffrés **la Chine, la Russie, et d’autres puissances régionales autoritaires**. Pékin, notamment, a multiplié les discours de leadership « alternatif », fondé sur la non-ingérence, la stabilité contractuelle, et le respect des souverainetés nationales — un message qui séduit largement dans le Sud global.
3. L’exclusion d’acteurs économiques et humains clés
L’un des gestes les plus symboliques — et contre-productifs à long terme — fut **l’interdiction de visas à plusieurs pays africains et musulmans**. En excluant des millions de talents, d’étudiants, de chercheurs et d’entrepreneurs, les États-Unis ont non seulement affaibli leur soft power, mais aussi **contribué à détourner le flux d’intelligence mondiale vers d’autres pôles** (Canada, Europe, Asie). Dans un contexte de compétition technologique mondiale, cet isolement volontaire est un **handicap stratégique majeur**.
Le contraste avec la Chine est frappant : alors que Washington fermait ses frontières, Pékin ouvrait des programmes d’échanges universitaires, construisait des ambassades et signait des accords commerciaux bilatéraux avec **les 54 pays africains**, consolidant ainsi son image de puissance accessible et coopérative.
Chapitre 4 — Une contradiction avec l’héritage intellectuel américain et son prestige économique mondial
L’attitude erratique et parfois brutale de Donald Trump sur le plan économique et diplomatique ne constitue pas seulement une rupture conjoncturelle. Elle entre en **contradiction frontale avec l’héritage intellectuel et institutionnel** que les États-Unis ont construit depuis la Seconde Guerre mondiale et qui leur a permis d’exercer un **leadership économique, académique et moral mondial**. Cet héritage repose sur une idée simple : la prévisibilité, l’ouverture et la règle de droit sont les piliers d’un ordre mondial prospère. À l’inverse, l’arbitraire politique et l’improvisation affaiblissent la confiance internationale.
1. Le pays des Prix Nobel, mais une politique économique de l’instinct
Les États-Unis sont le berceau de la pensée économique moderne. Ils ont formé, hébergé et récompensé les plus grands esprits du XXe et XXIe siècles : **Milton Friedman, Paul Samuelson, Joseph Stiglitz, Paul Krugman, Robert Shiller, Elinor Ostrom**, pour ne citer qu’eux. Ces économistes, souvent issus d’universités comme Harvard, MIT ou Chicago, ont non seulement influencé la politique intérieure américaine, mais aussi structuré les débats mondiaux sur les crises, les marchés, l’emploi, les institutions ou l’innovation.
L’un des apports majeurs de **John Maynard Keynes**, largement étudié et défendu dans les universités américaines, est la **notion d’incertitude radicale** — un état du monde dans lequel les décisions ne peuvent reposer ni sur des probabilités claires ni sur des modèles répétables. Keynes recommandait donc des politiques publiques stables, coordonnées et orientées vers la **réduction de l’angoisse collective**, notamment en période de choc.
Or, sous Trump, l’économie semble avoir été réduite à une **suite de tweets impulsifs**, de revirements tarifaires, d’accords commerciaux improvisés, ou d’invectives contre des entreprises privées. Cette méthode, fondée sur **l’instinct plutôt que sur la rationalité économique**, disqualifie l’expertise, désoriente les marchés et alimente un climat d’instabilité permanente. Ce contraste entre l’excellence académique américaine et le populisme décisionnel de son chef d’État a jeté le doute sur **la crédibilité intellectuelle du leadership américain**.
2. La remise en cause du multilatéralisme économique bâti par les États-Unis
C’est un fait historique : le système économique mondial actuel a été **conçu par les États-Unis** au lendemain de 1945. Des institutions comme **le FMI, la Banque mondiale, l’OMC (ex-GATT)**, ou encore **le système monétaire de Bretton Woods**, ont été pensées pour garantir **la coopération plutôt que la confrontation**, la **prévisibilité plutôt que l’unilatéralisme**.
En multipliant les mesures tarifaires, en remettant en question des accords signés (ALENA, TPP), en menaçant des partenaires stratégiques comme l’Union européenne ou le Japon, et en boycottant des sommets multilatéraux, Donald Trump a **détricoté la toile patiemment tissée** par plusieurs générations de diplomates et d’économistes américains. Cette désinvolture stratégique a envoyé un message dangereux : même le pays qui a conçu l’ordre mondial peut le rejeter pour des intérêts électoraux à court terme.
3. Une image brouillée auprès des nouvelles générations mondiales
Les jeunes générations d’Africains, d’Asiatiques, de Latino-Américains ou même d’Européens, qui voyaient encore les États-Unis comme **un modèle d’ouverture, d’éducation, de réussite par le mérite**, ont vu leur perception se transformer durant le mandat Trump. L’interdiction de visa à des pays entiers, les propos méprisants envers des régions du monde qualifiées de « pays de merde », le mépris affiché pour les règles internationales, ont profondément terni **l’image symbolique des États-Unis**.
En face, la Chine offre un récit inverse : un pays stable, cohérent dans ses décisions économiques, en expansion constante, et qui tend la main au Sud global. Sans ignorer les dérives autoritaires de Pékin, force est de constater que **le vide moral et stratégique laissé par les États-Unis est en train d’être comblé** — non pas par une autre démocratie libérale, mais par une puissance autoritaire.
Conclusion : Une politique de l’imprévisibilité, un coût stratégique majeur pour les États-Unis
L’introduction de l’incertitude comme méthode de gouvernement par Donald Trump représente une rupture avec les fondements de la puissance américaine : la stabilité institutionnelle, la prévisibilité juridique, la confiance des investisseurs, et l’ouverture internationale. Ce choix de gouvernance, basé sur des annonces contradictoires, des revirements brutaux et des logiques nationalistes court-termistes, nuit à la fois aux **intérêts économiques immédiats** des États-Unis et à leur **crédibilité géopolitique de long terme**.
Alors que les entreprises mondiales recherchent des environnements stables pour investir, que les États partenaires attendent des signaux clairs sur les alliances et les règles du jeu commercial, le gouvernement Trump a semé le doute et l’instabilité. Cette stratégie s’est révélée contre-productive : les relocalisations industrielles espérées ne se sont pas matérialisées massivement, les tensions commerciales ont déstabilisé les marchés, et l’image des États-Unis comme garant de l’ordre libéral mondial s’est fortement érodée.
Face à une Chine qui avance méthodiquement ses pions dans le Sud global, Trump a donné l’image d’un pays qui se replie, qui méprise ses alliés, et qui rejette le savoir économique au profit de l’intuition personnelle. Cette contradiction entre le **prestige intellectuel des États-Unis** et leur **pratique politique sous Trump** ouvre un vide stratégique que d’autres puissances — autoritaires ou non — sont désormais prêtes à remplir.
À long terme, si cette approche devait s’installer durablement, elle risquerait d’entraîner une **reconfiguration de l’ordre économique mondial** sans les États-Unis comme pôle de stabilité et d’innovation. C’est là le vrai danger : non pas une guerre commerciale passagère, mais un **effacement progressif de la centralité américaine** dans le jeu économique mondial.
📚 Bibliographie indicative
1. **Keynes, John Maynard** (1937). *The General Theory of Employment, Interest and Money*. Macmillan.
2. **Stiglitz, Joseph E.** (2002). *Globalization and Its Discontents*. W\.W. Norton & Company.
3. **Rodrik, Dani** (2011). *The Globalization Paradox: Democracy and the Future of the World Economy*. W\.W. Norton & Company.
4. **Krugman, Paul** (2009). *The Return of Depression Economics and the Crisis of 2008*. W\.W. Norton & Company.
5. **Acemoglu, Daron & Robinson, James A.** (2012). *Why Nations Fail: The Origins of Power, Prosperity, and Poverty*. Crown Publishing Group.
6. **Haass, Richard N.** (2017). *A World in Disarray: American Foreign Policy and the Crisis of the Old Order*. Penguin Press.
7. **Cohen, Benjamin J.** (2008). *International Political Economy: An Intellectual History*. Princeton University Press.
8. **Tooze, Adam** (2018). *Crashed: How a Decade of Financial Crises Changed the World*. Viking.
9. **Friedman, Thomas L.** (2005). *The World Is Flat: A Brief History of the Twenty-first Century*. Farrar, Straus and Giroux.
10. **Zakaria, Fareed** (2008). *The Post-American World*. W\.W. Norton & Company.
Conception et écriture: Kapayoalimasi@gmail.com, Mainz en Allemagne, ce lundi 07.07.2025
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