Liberation Day ou Isolation Day ? Le tournant du monde après Trump »

 



* « Liberation Day ou Isolation Day ? Le tournant du monde après Trump » par Guy Kapayo 



Introduction


Le 2 avril 2025, Donald Trump lançait le controversé « Liberation Day », marquant une nouvelle ère de guerre commerciale, d’isolationnisme renforcé, et de remise en cause des alliances internationales traditionnelles. Ce plan ambitieux, censé restaurer la grandeur économique américaine par le retour massif des usines et le renforcement des tarifs douaniers, a profondément bouleversé la géopolitique mondiale.


Pourtant, deux mois après cette date, le bilan est loin des espoirs trumpistes : ni retour massif des industries, ni reprise incontestable de l’hégémonie américaine. Au contraire, la planète s’est organisée en pôles alternatifs, à commencer par une Europe militarisée, une Chine qui étend son influence sur le Sud global, et des coalitions régionales puissantes.


Parallèlement, le président américain s’est retrouvé isolé, y compris dans ses relations avec des figures majeures de la Silicon Valley. Le clash public avec Elon Musk, qui a choisi de rompre avec l’isolationnisme de Trump, illustre cette fracture profonde entre la politique nationale et la réalité technologique et économique mondiale.


Cet article analyse les conséquences de ce « Liberation Day », les recompositions internationales qui en découlent, et ce que cela révèle du positionnement des États-Unis dans le monde de demain.


**Chapitre 1 – La Chine, gagnante par KO**


Alors que Donald Trump déclenchait sa guerre tarifaire sous la bannière du "Liberation Day", c’est bel et bien la Chine qui a profité de ce tournant pour consolider sa position géoéconomique. Dès les premières annonces américaines, Pékin a su mobiliser une coalition d’intérêts en élargissant sa sphère d’influence dans ce qu'on appelle désormais le **Sud global élargi**.


Le **27 mai 2025**, une réunion stratégique s’est tenue à **Shenzhen**, réunissant la **Chine**, les États membres de l’**ASEAN**, et les **pays du Golfe** (notamment l’Arabie saoudite, le Qatar et les Émirats arabes unis). 

Au menu : renforcement des accords commerciaux bilatéraux et multilatéraux, coordination sur la stabilité énergétique, et surtout un engagement concret à **utiliser le yuan dans une partie croissante de leurs échanges commerciaux**, notamment pour le pétrole et les matières premières critiques.


Ce sommet a débouché sur **trois résultats majeurs** :


1. **Création d’un "Panier de Paiement Alternatif"** incluant le yuan, le dirham et les monnaies de l’ASEAN, destiné à réduire la dépendance au dollar.

2. **Lancement d’un Fonds d’Infrastructure Sud-Sud**, piloté par Pékin et Riyad, pour financer ports, routes, et réseaux ferroviaires du Sud global.

3. **Accélération du Partenariat RCEP élargi**(30% du PIB mondial), en y intégrant des observateurs permanents du Moyen-Orient et d’Afrique.


Au lieu de se soumettre à la pression américaine, ces pays ont vu dans l’agressivité de Trump une **opportunité de réorganisation systémique**. Résultat : au lieu d’entrer dans le "deal trumpien", ils ont **signé des accords entre eux**, reléguant Washington au rang d’observateur lointain.


Cette montée en puissance de la Chine ne se limite pas au commerce. Pékin renforce également ses liens **technologiques**, **monétaires** et **militaires légers** avec ses partenaires. De plus, sa diplomatie proactive l’installe comme le **leader incontesté du Sud global**, en contraste total avec l’isolement américain.


Alors que Trump croyait pouvoir dicter ses conditions grâce au poids du marché américain, la Chine a démontré qu’un réseau d’alliances diversifié, centré sur la **coopération plutôt que la coercition**, était non seulement possible, mais déjà en marche.


 **Chapitre 2 – L’Europe, plus unie que jamais**


Alors que Donald Trump voulait forcer ses partenaires à plier par la menace tarifaire, **l’Union européenne** a choisi une voie opposée : **la cohésion, la souveraineté stratégique et la coopération renforcée**. Les surtaxes américaines sur les produits européens — notamment l’acier, les véhicules électriques et les produits agricoles — ont eu un effet paradoxal : **elles ont accéléré la construction d’une Europe plus unie, plus défensive et plus proactive.**


Dans un contexte marqué par l'instabilité américaine, **Paris et Berlin ont relancé une initiative commune de Défense européenne**. Le 15 mai 2025, à Bruxelles, une déclaration conjointe a été signée :


> *"Les défis mondiaux exigent une Europe maîtresse de son destin."*


Ce signal politique s’est traduit par :


* La création d’un **Fonds européen de souveraineté industrielle**, destiné à soutenir les chaînes d’approvisionnement critiques (semi-conducteurs, batteries, armement).

* L'accélération du **bouclier européen de défense**, avec une mutualisation partielle des budgets militaires des États membres.

* Une série de **nouveaux accords bilatéraux** entre pays de l’UE et partenaires stratégiques (Corée du Sud, Canada, Afrique du Nord), en contournant les négociations avec Washington.


Sur le plan économique, l’Europe a également **renforcé ses liens avec la Chine**, en dépit des tensions géopolitiques. Pékin a promis d’ouvrir plus largement son marché automobile et pharmaceutique aux industriels européens — en échange d’une reconnaissance mutuelle des normes.


À cela s’ajoute un **recentrage technologique stratégique** : la Commission européenne a lancé un **plan de souveraineté numérique** incluant la création de data centers 100 % européens et l’expansion du cloud Gaia-X.


Plutôt que de négocier sous la pression, l’Europe **se tourne vers d’autres partenaires** et **développe ses propres outils de puissance**. L’effet domino escompté par Trump — voir les Européens céder — ne s’est jamais produit. Au contraire, c’est une **Europe plus indépendante et plus solidaire** qui émerge du bras de fer américain.


**Chapitre 3 – Le mirage du retour industriel américain**


Le "Liberation Day" était censé marquer le grand retour des usines sur le sol américain. Donald Trump promettait un âge d’or industriel : la renaissance du Midwest, la fin de la dépendance à la Chine, et des emplois "made in USA" à la pelle.


Mais deux mois après le début de la guerre commerciale, **les faits contredisent la promesse**. Les entreprises n’ont pas rapatrié leur production — elles ont simplement **détourné leurs chaînes d’approvisionnement vers d’autres pays asiatiques**, ou parfois même vers le Mexique. Résultat : **aucune relocalisation massive** n’a été observée.


Plus grave encore :


* **Tesla** et **Apple**, malgré la pression, n’ont pas annoncé de retour significatif aux États-Unis. Les constructeurs automobiles coréens et allemands, ciblés par les surtaxes, ont même **gelé certains investissements prévus sur le sol américain**.

* Les États industriels comme l’Ohio, le Michigan ou la Pennsylvanie **voient les prix grimper sans que les emplois ne reviennent**. L’inflation importée pèse lourdement sur les ménages.

* Les PME américaines tributaires de composants étrangers **subissent des hausses de coûts insoutenables**, mettant à mal la chaîne logistique nationale.


Les plans de Trump reposaient sur un postulat erroné : que les entreprises industrielles choisiraient **le patriotisme économique** plutôt que **la logique de rentabilité globale**. Mais dans un monde interconnecté, **le protectionnisme brutal s’est retourné contre son promoteur**.


Enfin, l’idée d’un **"grand deal" avec l’Europe, la Chine ou le Japon** s’est effondrée. Aucun accord majeur n’a été signé, à l’exception de **quelques ajustements mineurs avec la Grande-Bretagne**, qui reste isolée depuis le Brexit et sans grande marge de manœuvre.


En bref, le "made in America" s’est transformé en **"paid more by America"**. La promesse industrielle de Trump n’était qu’un mirage de campagne devenu un boomerang économique.


Chapitre 4 – Le reste du monde s’organise sans Washington


Le "Liberation Day" de Donald Trump n’a pas provoqué une soumission mondiale aux diktats tarifaires des États-Unis. Au contraire, il a agi comme **un électrochoc diplomatique** : un nombre croissant de pays a compris qu’il était **risqué de dépendre du bon vouloir de Washington.**


Dès avril 2025, plusieurs nations – grandes et moyennes – ont entamé une **reconfiguration stratégique de leurs relations économiques et commerciales.** L’objectif : **contourner les États-Unis** plutôt que de se confronter frontalement à eux.


Parmi les exemples les plus frappants :


* **L’Amérique latine**, sous l’impulsion du Brésil et du Mexique, a lancé des discussions sur un **Marché Commun Sud-Sud** en collaboration avec l’Inde et l’Afrique du Sud.

* **L’Union africaine**, avec le soutien de la Chine et des Émirats, a accéléré la mise en place de la **Zone de libre-échange continentale africaine** (ZLECAF), en la couplant à des **routes commerciales sécurisées non-dollarisées**.

* **La Turquie**, l’Indonésie, et même le Vietnam ont resserré leurs échanges régionaux via des plateformes de règlement en monnaies locales, tout en diversifiant leurs alliances militaires et technologiques.


Tous ces mouvements ont un point commun : **l’autonomie stratégique**.

Le modèle de "l’Empire commercial américain" s’effrite, non pas par une guerre, mais par un **désengagement progressif du reste du monde**.

Washington, en voulant imposer ses règles unilatérales, a involontairement renforcé les logiques régionales, les projets d'intégration non-occidentaux, et les coalitions alternatives.


À l’ONU comme au G20, les États-Unis apparaissent de plus en plus isolés dans leurs positions. Même des alliés historiques comme le Japon, l’Australie ou l’Allemagne **n’appuient plus les initiatives américaines avec la même ferveur.** L’idée d’un "leadership américain naturel" ne va plus de soi.


L’ironie de l’histoire, c’est que ce sont **les sanctions et les surtaxes américaines qui ont servi de catalyseur** à cette recomposition mondiale. Le "monde multipolaire" que les États-Unis redoutaient tant est désormais une **réalité active**, non plus une menace lointaine.


Chapitre 5 – Le dollar affaibli, les monnaies alternatives émergent


Le pouvoir du dollar repose sur une double confiance : celle des marchés, et celle des États. Mais depuis le "Liberation Day", **cette confiance s’effrite rapidement**, affaiblie par les choix politiques de Donald Trump et par la brutalité de sa guerre commerciale.


Face à l’extraterritorialité du dollar – que Trump utilise comme **arme économique**, beaucoup de pays ont décidé de s’affranchir progressivement de leur dépendance à la monnaie américaine.


Voici les signaux les plus marquants de ce basculement :


* **La Chine et les pays du Golfe** ont signé le 4 juin 2025 un accord énergétique pour **la facturation en yuan** d’une partie des livraisons de pétrole et de gaz.

* **Les BRICS élargis** (incluant désormais l’Arabie saoudite, l’Indonésie, le Nigeria et l’Argentine) ont lancé un projet de **monnaie de règlement numérique**, adossée à un panier de matières premières.

* **La Banque centrale d’Inde**, en partenariat avec l’Afrique du Sud et le Brésil, a activé un **système de paiement transfrontalier** utilisant des monnaies locales, sans passer par le SWIFT contrôlé par les États-Unis.


Même des pays proches de Washington – comme l’Allemagne, les Émirats ou Singapour – **ont discrètement augmenté leurs réserves en or** et réduit leur exposition au dollar. Les banques centrales diversifient leurs actifs et testent des **CBDC (monnaies numériques de banque centrale)** comme alternative aux systèmes de paiement dominés par l’Amérique.


En parallèle, les **cryptomonnaies stables réglementées** comme l’e-euro, le yuan numérique ou les jetons régionaux d’Afrique centrale **gagnent en légitimité** dans les échanges bilatéraux.


Le symbole de cette rupture s’est joué à Davos 2025, quand la présidente de la BCE, Christine Lagarde, a déclaré :


> *"Le dollar restera une grande monnaie internationale, mais il ne sera plus seul au sommet."*


La suprématie du dollar, loin d’être abolie, **n’est plus incontestable**. C’est la première fois depuis 1945 qu’autant d’États et de blocs régionaux prennent des décisions coordonnées pour **désaméricaniser leurs économies.**


Chapitre 6 – Le divorce Trump–Elon Musk : la fin du mythe techno-patriotique


Alors que Donald Trump affichait un discours nationaliste et isolationniste, promettant le retour en force de l’industrie américaine et un « America First » technologique, la Silicon Valley a vécu un séisme sans précédent en juin 2025. Le plan budgétaire strict et protectionniste de Trump a provoqué une rupture publique majeure entre le président et l’un de ses alliés les plus emblématiques : **Elon Musk**.


Pendant des années, Musk avait été vu comme le **symbole du renouveau industriel américain**, incarnant l’innovation de pointe et le génie technologique. Mais lorsque Trump a annoncé des coupes budgétaires drastiques dans les financements de la recherche, des taxes sévères sur les composants étrangers, et un durcissement des relations commerciales, Musk a brisé le silence.


Sur les réseaux sociaux et dans une interview explosive, il a déclaré :


 *« L’isolationnisme de Trump est une erreur stratégique majeure. La technologie ne connaît pas de frontières. Ce n’est pas en fermant les portes que l’Amérique retrouvera sa grandeur, mais en s’ouvrant au monde et en collaborant globalement. »*


Cette sortie publique a été suivie par une vague de défections dans la Silicon Valley. Plusieurs dirigeants de grandes entreprises technologiques – Google, Apple, Microsoft, NVIDIA – ont pris leurs distances avec l’administration Trump. Certains ont même annoncé leur intention d’investir davantage à l’étranger, notamment en Europe et en Asie.


Le plus symbolique fut le départ du conseiller tech de Trump, un fidèle allié depuis plusieurs années, qui a expliqué dans un communiqué :


*« Je ne peux plus soutenir une politique qui sacrifie l’innovation américaine sur l’autel du protectionnisme. Notre avenir est global, pas replié sur lui-même. »*


Derrière cette fracture, ce sont les **principaux princes des industries technologiques mondiales** qui se sont levés. Leurs intérêts ne peuvent être confinés à un seul pays, aussi puissant soit-il. Ils défendent désormais un modèle d’**innovation ouverte**, d’alliances transnationales, et une gouvernance mondiale partagée.


Cette **désolidarisation publique de la Silicon Valley** a affaibli Trump dans son combat contre le reste du monde. Elle a mis en lumière les contradictions internes d’un gouvernement qui prétend défendre l’industrie nationale tout en aliéner ses acteurs-clés.


En définitive, cette guerre des mots entre Trump et Musk n’est pas qu’une simple querelle personnelle : c’est le reflet d’une lutte plus large entre deux visions du monde — **le repli protectionniste contre l’ouverture technologique globale**.


**Conclusion – Un tournant mondial après le "Liberation Day" de Trump**


Le "Liberation Day" de Donald Trump, censé marquer le triomphe du nationalisme économique américain, s’est révélé un **point de bascule aux conséquences imprévues**. Loin d’imposer la suprématie des États-Unis, ce choix a accéléré la recomposition du paysage géopolitique et économique mondial.


Le retour espéré des industries sur le sol américain n’a pas eu lieu, et la guerre commerciale a plutôt **poussé le reste du monde à se fédérer autrement**. L’Europe a renforcé sa coopération militaire, la Chine est devenue la locomotive incontestée du Sud global, et de nouveaux blocs régionaux émergent, désireux de s’affranchir de la domination américaine.


Sur le plan monétaire, le dollar voit son règne contesté par l’émergence de monnaies alternatives et de systèmes de paiement indépendants, annonçant un monde financier plus multipolaire et moins dépendant de Washington.


Enfin, la rupture entre Trump et Elon Musk symbolise un rejet croissant, même parmi les élites technologiques américaines, du protectionnisme isolant. Le soutien technologique mondial se tourne désormais vers des partenariats ouverts, au-delà des frontières nationales.


Ce basculement n’est pas seulement un échec politique pour Donald Trump, c’est un **changement profond dans l’ordre mondial**, où la coopération internationale et la multipolarité s’imposent comme les nouveaux paradigmes.


L’ère de l’isolement économique est terminée, et le défi pour les États-Unis sera de retrouver une place dans ce monde en mutation, non pas en dominant par la force, mais en innovant par la collaboration.


Conception et écriture par kapayoalimasi@gmail.com, ce dimanche 08.06.2025, Mainz en Allemagne. (Collaboration de Chat GPT, Gemini, Deep Seek et Meta).











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