Quand l'Afrique s'eveillera, le monde tremblera...Auteur: Guy Kapayo
L’Afrique s’éveillera un jour et le monde tremblera
Bruxelles vient d’organiser ce mois de février 2022, un sommet UE/Afrique. Comme d’habitude la presse européenne nous a souligné l'énorme passif de l’Afrique, une dette colossale après le covid-19 estimée à 800 Milliards de dollars US pour l’ensemble du continent. On souligne que les créanciers de l’Afrique sont : les privés (45%),le FMI et la Banque mondiale (25%),la Chine (20%) et le club de Paris (10%). On signale également les pays les plus endettés en % du PIB en Afrique.
Le Soudan: 210%
L’Erythrée: 175%
Le Cap Vert: 161%
Le Mozambique 134%
L’Angola: 104%
L’Île Maurice: 101%
La Zambie: 101%
L’Égypte: 91%
La Tunisie: 90%
La Rép. Congo: 85%
Source: F.M.I.
Bref, le décor est bien placé, l’Afrique est composée de 55 nations pauvres qui ne s’en sortiront jamais, ce même discours on le tenait pour la Chine de Mao. On ne souligne pas assez que ce qui alourdit la dette africaine, ce n’est pas le principal mais le taux d'intérêt élevé de la dette .Le continent européen est aussi endetté (1.300 Milliards des dollars US)mais depuis plus de 6 ans les taux d'intérêts sont négatifs.
Je vais ce soir parler de l’Afrique et de son potentiel en évitant l’Afro-pessimisme des occidentaux.
De tous les chiffres qu’on nous cite, il y a l’un qui est le plus sûr , c’est la démographie. En 1900 le continent africain était peuplé de 100 millions d’habitant, en l’an 2000 le continent compte plus de 1,5 Milliards d’habitants et en 2050 l’Afrique comptera plus 2,5 Milliards d’habitants.La population africaine était rurale à 95% en 1900, elle est actuellement urbaine dans les mêmes proportions en 2022 et le sera plus en 2050.
En 2049,la Chine sera la première puissance mondiale avec une population vieillit.
En 2050, les gouvernements africains seront confrontés au défi de la croissance, du développement, de l’emploi, des infrastructures, de la santé et de l’éducation de leur propre population.En même temps , les gouvernements africains disposeront d’un marché intérieur de plus de 2,5 Milliards de consommateurs.
La croissance sera tirée plus par la consommation intérieure que par les exportations des matières premières vers l’Occident et la Chine.
Pour s’en sortir dans l’avenir,l’Union européenne doit investir dans les matériaux alternatifs et dans la production des filières de recyclage , dans l’investissement des renouvelables pour appuyer sa transition énergétique.
Bien plus, l’Afrique et ses dirigeants vont réserver le cuivre africain pour construire les infrastructures électriques en Afrique, le coton pour habiller ses populations, le pétrole et le gaz pour la consommation de sa propre population. Bref, l’essentiel des matières stratégiques du sol et du sous-sol africain sera réservé en Afrique et aux africains.
Le reste du monde doit se débrouiller ailleurs, sans l’Afrique et ses ressources stratégiques.
Pour y arriver. l’Afrique doit massivement investir:
dans l’éducation (primaire, secondaire,professionnelle universitaire de meilleure qualité) et la santé de sa population.
dans les infrastructures de base, de transport et communication
dans le financement de la recherche fondamentale et appliquée.
dans les institutions favorisant la croissance, l’innovation et l’Etat de droit
dans le respect et la protection de la propriété privée.
dans la défense et la sécurité de ses frontières.
dans la constitution d’une base industrielle sur son territoire.
Le chat noir ou blanc de Deng Xiaoping
Le dirigeant chinois , père de la modernisation de la chine disait , que ce qui importe, n’est pas tant que le chat soit noir ou blanc. Ce qui importe est qu’il attrape les souris.
En d’autres mots, le dirigeant chinois nous disait d'arrêter avec les débats idéologiques entre les idées de Keynes ou de Milton Friedman. Entre le rôle du marché financier et celui de l'État. Ce qui importe est la politique économique qui crée l'emploi, la richesse, la prospérité, la croissance et le bien-être de la population.
La Chine depuis 2001, vient de faire la démonstration qu’une nation peut compter sur un Etat stratège pour stimuler la croissance et le développement économique.
La Crise de 2019-2022, créée par la pandémie du covid-19, vient de nous démontrer le rôle que peut avoir l'État et les entreprises. Les États occidentaux ont mis un couvercle sur l’ensemble de l’économie, ont financé les entreprises et les ménages pendant toute la période du coronavirus.
Les États occidentaux ont massivement financé la recherche fondamentale et les entreprises ont découvert le vaccin qui a sauvé des milliards de vies humaines dans les cinq continents. Une preuve de l'alliance entre l'État et le marché , le contraire de l'État ou le Marché de Milton Friedman.
L’Afrique regarde vers l’Asie et non vers l’Europe
Les universitaires africains tournent leur regard vers l’Asie et s’y inspirent. Le modèle de développement et de croissance économique, c’est les dragons ou les tigres asiatiques, pas les pays occidentaux.Je m’explique:
Les européens ont une difficulté structurelle quand ils traitent avec les africains, ils n’ont jamais abandonné leur lunette de 1885 lors de la conférence de Berlin. Dans chaque occidental, il y a un colonisateur qui s’ignore ou qui végète. Chassez le naturel, il revient au galop.
Les universitaires africains du XXIème siècle savent que devant le carnet de rendez-vous africain, se précipitent la Chine de Xi Jinping, la Russie de Poutine ou la Turquie d’Erdogan.
A cette liste, on peut ajouter les monarchies du golfe qui veulent investir massivement en Afrique.
L’argent coule de nouveau en Afrique de 2019-2022, les transferts de fonds de la diaspora africaine installée en Occident est plus important que l’Aide au développement des pays occidentaux.
L’Afrique de l’aide au développement appartient au passé, pour les élites du passé, c'est-à-dire les élites africaines qui ont vécu avec du lait et du fromage des colonisateurs. Les élites qui ont vécu grâce aux” rentes géopolitiques “de la guerre froide.Ces élites existent encore dans certains pays africains mais le temps viendra pour s’en débarrasser.
Le président français, Emmanuel Macron, était choqué lorsque le président ghanéen Nana Akufo - Addo en Novembre 2017 lui aurait dit qu’il refusait l’aide au développement venant des contribuables français.
Cette aide au développement ne servait qu'à entretenir le lien ombilical ou le système de rente de situation , réorganisé et diversifié(rente extractive des matières premières, rente relevant des transferts financiers, rentes résultant des échanges et du transit liés à des flux criminels) par les élites africaines pour bénéficier des ressources financières occidentales sans participer à la production de ces mêmes ressources (c’est l’Afrique “des Big man” ). La logique de la rente participe et a participé à entretenir la fonction prédatrice des systèmes étatiques en Afrique. Au lieu de participer à la production des biens et des services, la fonction de l’Etat se limitait à prélever par des truchements divers les ressources limitées des nations africaines.
Avec cette culture, en cas de crise, les élites africaines des années 60 finissaient par vendre les bijoux de la famille pour se refinancer(La vente des terres agricoles africaines aux entreprises chinois par exemple).
L'aide au développement participait à l'enrichissement d’une petite élite nationale ou locale en contact avec des élites mondialisées.
Ces mêmes élites africaines qui ont participé au commerce triangulaire au XVIeme siècle en vendant du coton et des esclaves africains en Amérique ont continué à perpétuer cette même culture en vendant du cuivre, du cobalt, du diamant, du zinc, du coltan,et l'or, du cacao brut en occident sans imaginer, un seul instant, de mettre en place en Afrique une base industrielle pour transformer les matières premières en Afrique.
L’Afrique a tout mais ne transforme rien, l’Asie n’a rien et transforme tout sur place.
La Corée du sud , nous vend des produits qui sortent des cerveaux de ses ingénieurs et de ses savants. C’est un pays qui ne possède ni diamant, coton, ni café, ni cacao comme en Afrique.
L’Afrique n’a pas de cerveaux, bien sûr que oui, mais ils sont ignorés par les élites compradores africain des années 60.
Comment comprendre qu’un pays comme la Côte-d’Ivoire, dirigée par un économiste de renommée internationale , ancien directeur Afrique au FMI, ancien premier Ministre et actuel président de la Côte-d’Ivoire, n’ait jamais eu l'initiative de mettre en place une base industrielle pour produire du Chocolat ivoirien car la Côte-d’Ivoire en est le premier producteur mondial du cacao ? Ce Monsieur est à son troisième mandat comme président.
Cette élite là, l’Afrique n’en veut plus. Il faut s’en débarrasser.
L’Afrique a le choix des modèles
Comme nous venons de le souligner, l’Afrique fera le choix du modèle à suivre entre:
La modernisation agricole libérant de la main-d’oeuvre vers des industries urbaines
La modernisation tirée par l’industrialisation (Modèle de solow ou de croissance endogène )
La modernisation tirée par le captage d’une chaîne de valeur dans une production industrielle mondialisée.
La modernisation du type schumpétérien, basée sur l’innovation technologique
La modernisation du type en même temps, c'est á dire un mélange entre l'un ou les autres.
Lorsque les 2,5 Milliards de consommateurs africains se réveilleront, ils seront exigeants. Il vont demander aux leaders politiques de revoir les accords léonins signés par la vieille classe politique des années 60/80 et récupérer les terres agricoles , vendus aux entreprises chinoises/Européennes pour nourrir les africains.
Ces mêmes consommateurs vont exiger de revoir tous les contrats signés avec les entreprises (européennes ou chinoises ) qui possèdent les mines des matières stratégiques en Afrique.
Le combat sera sans pitié, mais il aura lieu un jour.
L’Afrique doit se réapproprier le droit complet de ses matières stratégiques/de ses terres agricoles pour payer ses dettes, c'est-à-dire le principal et le taux d'intérêt au FMI, à la Banque mondiale, aux financiers internationaux,à la Chine, au club de Paris et de Londre. L’Afrique n’a pas d’autres choix.
Deng Xiaoping, le leader chinois avait appliqué la stratégie de faire une symbiose entre le parti communiste chinois et une économie libérale. Ces idées existaient déjà à l'époque de Zhou Enlai, le premier ministre de Mao.
Xi Jinping a lui aussi mis en pratique le projet de la route des soies appelé OBOR(One Belt, One Road ) ce sont des projets qui existaient déjà depuis 50 ans dans les tiroirs des dirigeants chinois.
Les idées que nous lançons, seront mises en place un jour par nos fils, nos petit-fils ou arrière-petit-fils. Ce n’est pas un mirage,ou une illusion d’un rêveur africain, cela se réalisera.
Quand l'Afrique va se réveiller, le monde tremblera.
Lundi 21.02.2022
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