Keyness est de retour chez les anglais après la crise de Subprime aux USA

Le gouvernement britannique opte pour une relance keynésienne
LE MONDE | 22.10.08 | 14h06 • Mis à jour le 22.10.08 | 20h50

LONDRES CORRESPONDANTE

En Grande-Bretagne, Keynes fait un retour en force. Alors que le gouvernement devrait annoncer, vendredi 24 octobre, une contraction de son produit intérieur brut (PIB) au troisième trimestre après une croissance zéro au deuxième, et que le pays s'apprête à entrer en récession, Downing Street fait appel à l'économiste né à Cambridge pour rassurer les Britanniques. Le premier ministre, Gordon Brown, et son équipe sont sur tous les fronts pour leur affirmer que l'Etat sera là pour les aider à passer ce moment difficile, en mettant en oeuvre une politique de relance keynésienne. "C'est la bonne politique", a affirmé M. Brown devant les députés, lundi.


Dans un entretien au Sunday Telegraph, dimanche, Alistair Darling avait déclaré vouloir "soutenir l'économie" et "changer les priorités budgétaires", pour mieux aider l'énergie, le logement et les petites entreprises. Dans ces deux derniers cas, le chancelier de l'Echiquier compte aussi sur les banques nationalisées (Northern Rock, Bradford & Bingley, HBOS, Lloyds TSB et Royal Bank of Scotland) pour mener une politique de crédit stimulante pour l'économie, au même niveau qu'en 2007.

Mardi, Peter Mandelson, le ministre du commerce, a annoncé un plan d'aide aux PME, de 350 millions de livres (444 millions d'euros). L'Etat s'y engage notamment à payer ses factures dans les dix jours, contre trente jours aujourd'hui. Pour le reste, le gouvernement fera plus de logements sociaux et construira de nouveaux hôpitaux. En guise de grands travaux, il a aussi confirmé l'achat de deux porte-avions pour près de 4 milliards de livres, des contrats dont dépendent quelque 10 000 emplois, ainsi que son engagement pour un nouveau programme de dissuasion nucléaire. Autre investissement-clé, les 9,3 milliards de livres qui devraient être dépensés pour les Jeux olympiques de Londres de 2012, une somme quatre fois plus importante que ce qui était prévu mais qui pourrait créer 15 000 emplois. Ou encore une nouvelle voie de chemin de fer à travers la capitale, Crossrail, pour 16 milliards de livres.

HAUSSE DE LA DETTE PUBLIQUE

Pour connaître l'intégralité du plan de relance, il faudra attendre la présentation du prébudget d'ici à trois semaines. Pour le financer, le gouvernement peut reventiler les dépenses qu'il avait prévues, en 2007, de faire d'ici à 2010 (en Grande-Bretagne, les dépenses sont votées pour trois ans) mais aussi anticiper des dépenses qui ne devaient intervenir qu'ensuite. Quitte à accroître encore la dette publique qui, entre le 1er avril et le 30 septembre, s'est alourdie de 37,6 milliards de livres, selon des chiffres dévoilés lundi. Sur l'année fiscale qui s'achèvera le 31 mars 2009, le Trésor tablait sur 43 milliards de livres de nouveaux emprunts. Mais pour M. Brown, le pays peut s'offrir ce dérapage, car la dette publique, qui représente 37,9 % du PIB (43,4 % si l'on tient compte de la nationalisation de Northern Rock), contre 56,4 % pour la zone euro, laisse des marges de manoeuvre.

"Je veux éviter que nous nous retrouvions dans la position que les gouvernements ont adoptée dans le passé, qui est de faire face à un problème immédiat en sacrifiant ce dont le pays a besoin dans le futur", a expliqué M. Darling. Toujours est-il que le gouvernement qui sortira gagnant des prochaines élections, prévues d'ici à la mi-2010, n'aura plus beaucoup de marges de manoeuvre.

Virginie Malingre

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