De l'histoire pour comprendre la guerre entre la Georgie, la Russie et l'Abkhazie


En 1817, les troupes russes envahissent le Caucase, donnant ainsi le coup d'envoi de la guerre du même nom qui les oppose aux différentes ethnies présentes alors dans la région. Cette guerre dure jusqu'en 1864, – presque un demi siècle – et se termine par l'annexion de différents territoires du nord et de l'ouest du Caucase, dont l'Abkhazie. Chassés par cet envahisseur chrétien, les musulmans de la région émigrent en direction de l'Empire ottoman entre 1864 et 1878.

Révolution et colonialisme


La Révolution Russe de 1917 mène à la création de la Géorgie dont l'Abkhazie devient une province. Malgré une relative autonomie accordée à la région, le pouvoir central peine à se faire respecter et l'Armée Rouge envahit le pays en 1921 pour mettre un terme à ce semblant d'indépendance. L'Abkhazie devient alors une des républiques soviétiques. En 1931, Staline en fait une république autonome de Géorgie. La région reste toutefois sous le strict contrôle du pouvoir central. L'Abkhazie fait alors du géorgien sa langue nationale et les Russes sont encouragés à s'y installer.

L'éclatement du bloc soviétique à la fin des années 80 provoque des tensions ethniques entre Abkhazes et Géorgiens. Ceux-ci souhaitent l'indépendance de leur pays alors que les Abkhazes craignent que l'émancipation de leur voisin ne soit synonyme de fin pour leur propre autonomie. Le 16 juillet 1989, à Soukhoumi (chef-lieu de l'Abkhazie), les choses tournent mal. Des affrontements entre Géorgiens et Abkhazes font 16 morts et des dizaines de blessés, tous Géorgiens. Après plusieurs jours de violences, les troupes soviétiques interviennent pour calmer le jeu.

Divorce à la caucasienne

Le 17 mars 1991, le référendum sur la préservation du statut de l'URSS lancé par Mikhaïl Gorbatchev est plébiscité en Abkhazie (98,6% de oui!) alors que la population géorgienne ne se rend pas aux urnes. Le divorce est officiellement consommé deux semaines plus tard lorsque les Géorgiens lancent leur propre référendum pour l'indépendance du pays. Cette fois, c'est au tour des Abkhazes de le boycotter. Le 9 avril 1991, la Géorgie déclare son indépendance sous la direction de Zviad Gamsakhurdia. Impopulaire, celui-ci est renversé par la Garde Nationale en janvier 1992.

Il est remplacé par Eduard Shevardnadze, ancien ministre soviétique des Affaires étrangères, qui hérite d'un gouvernement dominé par un nationalisme ethnique marqué. En février 1992, son gouvernement abolit l'ancienne Constitution et restaure à sa place celle de la République Démocratique de Géorgie, datant de 1921. De nombreux Abkhazes interprètent ce geste comme la fin de leur statut autonome. Quelques mois plus tard, ce sont eux qui déclarent leur indépendance vis-à-vis de la Géorgie même si aucun autre pays ne leur reconnaît ce statut. Sous prétexte de l'enlèvement d'un de leurs ministres, les Géorgiens envoient alors 3'000 hommes dans la région.

Nettoyage ethnique

De durs combats s'ensuivent, autour de Soukhoumi. Après une semaine et de nombreux morts, les troupes gouvernementales géorgiennes prennent le contrôle d'une grande partie du territoire abkhaze. Mais ces agissements ne sont pas du goûts des voisins caucasiens pro russes (tchétchènes, cosaques, ossètes) qui s'allient à des centaines de paramilitaires venus de Russie. Ensemble, ils repoussent l'envahisseur géorgien et récupèrent de larges pans du territoire. Puis le conflit s'enlise jusqu'en juillet 1993, lorsque les milices abkhazes tentent de reprendre Soukhoumi, toujours aux mains de l'ennemi géorgien, entourent la ville et y prennent au piège le dirigeant géorgien Eduard Shevardnadze.

Le 27 septembre 1993, celui-ci est forcé de fuir quand des snipers le prennent pour cible dans l'hôtel ou il est retranché. Son départ marque le début d'un nettoyage ethnique qui voit les militants nord caucasiens et leurs alliés éliminer pendant deux semaines des milliers de Géorgiens toujours présents dans le pays. Au total, on estime entre 10'000 et 30'000 le nombre de Géorgiens tués lors du conflit alors que 3'000 Abkhazes y ont perdu la vie. Quant aux exilés, principalement des Géorgiens installés en Abkhazie, ils sont évalués à 250'000.

Source: Télévision suisse romane http://www.tsr.ch

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