Arrestation de J.P. Bemba en Belgique sur ordre du CPI


La Belgique livrera Bemba au CPI
Journal "Le Soir" Rédaction en ligne
dimanche 25 mai 2008, 11:03
La Belgique a confirmé dimanche l’arrestation la veille de l’ancien vice-président de la République démocratique du Congo (RDC) et son « intention » de le transférer à la Cour pénale internationale (CPI) qui a lancé un mandat d’arrêt contre lui.


« Il a été arrêté hier (samedi 24.05.2008) chez lui dans la région de Bruxelles », a indiqué Leo De Bock, porte-parole du ministre de la Justice Jo Vandeurzen. « Nous avons exécuté une demande d’aide de la Cour pénale internationale de La Haye, c’est normal que nous le fassions », a-t-il ajouté.
« L’intention maintenant est de l’emmener à Scheveningen, la prison de La Haye », a encore précisé le porte-parole, indiquant qu’il « ignorait » le temps que pourrait prendre ce transfert.
Jean-Pierre Bemba a été arrêté samedi près de Bruxelles à la demande de la CPI, qui le suspecte de crimes sexuels en République centrafricaine, a indiqué la CPI.


« M. Bemba est le président du Mouvement de Libération du Congo (MLC), un groupe politico-militaire qui est intervenu dans le conflit en République Centrafricaine en 2002-2003, poursuivant une stratégie de terreur et de violence contre les populations civiles, marquée en particulier par une campagne de viols massifs et de pillages », a indiqué la CPI.


Une première pour le Congo
« Jean-Pierre Bemba Gombo est la première personne à faire l’objet d’un mandat d’arrêt dans le cadre de la situation en RCA (République démocratique du Congo) », dit la CPI dans un communiqué. « L’enquête se poursuit et ce ne sera pas le dernier », a ajouté le procureur, Luis Moreno-Ocampo.
En 2004, la RCA, incapable de mener les procédures judiciaires sur les crimes commis sur son territoire, avait transféré le dossier au procureur de la CPI.


« C’est la première fois que le procureur ouvre une enquête dans laquelle les allégations de crimes sexuels excèdent largement le nombre d’assassinats présumés », avait-il déclaré en ouvrant la procédure en mai 2007.
Le mandat d’arrêt, émis le 23 mai à l’encontre de Jean-Pierre Bemba, 45 ans, avait été tenu secret. Cité comme suspect par la justice centrafricaine, Jean-Pierre Bemba avait nié toute responsabilité dans des crimes commis en RCA, et affirmé qu’il avait lui-même appelé l’ONU à une enquête.


M. Moreno-Ocampo le poursuit pour deux chefs de crimes contre l’humanité, et quatre chefs de crimes de guerre.
« Les (membres du) Mouvement de Libération du Congo (MLC) menés par Jean-Pierre Bemba ont commis, dans le cadre d’une attaque systématique généralisée contre la population civile, des viols, des actes de torture, des atteintes à la dignité de la personne, des traitements dégradants et des pillages » entre octobre 2002 et mars 2003, affirme-t-il.
Ces crimes ont notamment été commis à Bangui et dans les localités de Bossangoa et Mongoumba.


Le MLC est un groupe politico-militaire qui est intervenu en RCA à l’appel du président Ange-Félix Patassé, pour mater la rébellion.
Un millier de membres du MLC avaient participé aux combats contre le général Bozizé. Une fois la tentative de coup d’Etat matée, les « Congolais » avaient fait régner la terreur, tuant, pillant et surtout violant.


En 2007, l’Organisation pour la compassion et le développement des familles en détresse (Ocodefad) centrafricaine affirmait avoir recensé un total de 1.045 victimes, dont 480 femmes et fillettes violées.
« Le nombre élevé de viols commis par les troupes du MLC avec une brutalité sans nom est une caractéristique particulière de cette affaire », a dit le procureur samedi, ajoutant que M. Bemba avait déjà commis de pareils crimes en RDC.


« Nous ne pouvons effacer les blessures (des victimes). Mais nous pouvons leur rendre justice. Les témoignages des victimes seront autant de preuves. Les victimes viendront raconter leur histoire à la Cour », a déclaré M. Moreno-Ocampo, affirmant avoir des « preuves » des crimes de M. Bemba.


Le suspect doit être présenté dans les prochains jours à un juge belge. Son transfèrement au centre de détention de la CPI à La Haye devrait intervenir dans les prochaines semaines.
M. Bemba, élu sénateur après sa défaite face à Joseph Kabila à la présidentielle de 2006, a quitté la RDC pour le Portugal le 11 avril 2007 sous escorte de blindés de l’ONU, près de trois semaines après de sanglants combats dans Kinshasa entre sa garde rapprochée et l’armée.
Jean-Pierre Bemba est la quatrième personne arrêtée par la CPI.
Les quatre sont tous des Congolais (RDC), mais les trois autres ont été arrêtés dans le cadre d’une enquête sur des crimes commis en RDC.
M. Moreno-Ocampo enquête également sur des crimes commis en Ouganda et au Darfour.

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