Karel de Gucht et Joseph Kabila ou la rélation de maître à esclave.


De Gucht maintient le cap
BELGA
Mis en ligne le 30/04/2008 , le Journal "La libre Belgique".


Le chef de la diplomatie a ajouté que cette mission quasi-conjointe visait à "délivrer un message clair au gouvernement de Kinshasa", soulignant que c'était celui "du gouvernement belge" dans son ensemble.


Le ministre des Affaires étrangères, Karel de Gucht, a maintenu mercredi au parlement son analyse critique de la situation en République démocratique du Congo (RDC), malgré les reproches de certains parlementaires - de la majorité et de l'opposition confondues - sur la manière avec laquelle il l'a exprimée la semaine dernière lors d'une rencontre à Kinshasa entre trois ministres belges et le président congolais Joseph Kabila.


"La Belgique veut poursuivre son engagement en faveur du développement du bien-être de la population congolaise à travers un partenariat solide, basé sur les principes clairs de bonne gouvernance et de transparence, et qui implique des responsabilités mutuelles. La Belgique est aussi préoccupée par le développement inachevé ou le manque de développement dans différents domaines qui touchent aux principes évoqués et qui mettent en péril les objectifs de reconstruction du pays", a affirmé M. De Gucht (Open Vld).


Il s'exprimait devant les commissions des Affaires étrangères et de la Défense de la Chambre et du Sénat, réunies pour écouter le rapport fait par les trois ministres - lui-même, mais aussi ses collègues de la Défense et de la Coopération au développement, Pieter De Crem et Charles Michel - de leur visite en RDC.


Le chef de la diplomatie a ajouté que cette mission quasi-conjointe visait à "délivrer un message clair au gouvernement de Kinshasa", soulignant que c'était celui "du gouvernement belge" dans son ensemble. Il faisait référence au discours qu'il a prononcé le lundi 21 avril dans les jardins de la résidence de l'ambassadeur de Belgique à Kinshasa lorsqu'il avait notamment demandé aux autorités congolaises de faire preuve de modération dans l'usage de la force et de réaliser des progrès sensibles en matière de respect des droits de l'Homme.


Ce message, précisément, a provoqué de nouvelles tensions dans les relations historiquement turbulentes entre Bruxelles et Kinshasa. M. Kabila a ainsi affirmé que la Belgique "doit se décider à propos du type de relations" qu'elle souhaite entretenir avec la RDC: "soit de très bonnes relations de partenariat adulte avec un Etat souverain et indépendant", soit des "relations de maître à esclave".


M. De Crem a précisé mercredi que ce discours avait reçu l'aval du Conseil des ministres restreint, alors que M. De Gucht soulignait que d'autres partenaires du Congo partageaient les mêmes préoccupations sur les développements dans le pays, tant d'un point de vue sécuritaire qu'en ce qui concerne la bonne gouvernance et les perspectives économiques.


Selon M. De Gucht, ses propos tenus en face du président Kabila ne diffèrent "en rien" du discours tenu à la résidence, qui réclamait du gouvernement congolais qu'il s'attaque aux "privilèges fabuleux de certains" et lutte dès lors activement contre la corruption. Plusieurs parlementaires ont toutefois dénoncé la "manière". "Je crois que l'on a blessé le partenaire (congolais). C'était la diplomatie du coup de poing dans la figure", a affirmé le député - et ancien ministre de la Défense - André Flahaut (PS).


Il faut maintenant voir comment on va réparer, a ajouté M. Flahaut. "Sur le fond, je suis d'accord avec vous, la situation (en République démocratique du Congo) ne va pas bien. Sur la forme, vous avez manqué incroyablement de psychologie", a pour sa part affirmé le sénateur Josy Dubié (Ecolo), qualifiant l'attitude de M. De Gucht de "contre-productive".


"Vous avez commis l'erreur stratégique de surestimer le poids de notre pays", a lancé le député Dirk Van der Maelen (sp.a), demandant que la Chambre organise tous les trois mois une évaluation de la coopération avec la RDC. Le député Georges Dallemagne (cdH), qui a accompagné les trois ministres en compagnie de trois autres parlementaires, a demandé que la lumière soit faite sur les 215 millions de dollars de recettes détournées chaque année "par l'élite congolaise", soit un "montant supérieur à l'aide de la Belgique" - qui se chiffre à quelque 150 millions d'euros par an.

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