Après la chine c'est le tour de l'Inde pour 14 présidents africains en vue de collecter l'aumône


L'Inde mise sur les transferts de technologies pour coopérer avec l'Afrique
LE MONDE 09.04.08 13h42 •


En accueillant les 8 et 9 avril, à New Delhi, 14 représentants d'Etat africains, l'Inde entend renforcer ses liens économiques avec l'Afrique, et combler ainsi le retard pris sur la Chine.
Au moment où la récession touche les Etats-Unis, affectant du même coup les exportations indiennes, New Delhi prend conscience de la nécessité d'élargir le nombre de ses partenaires commerciaux. Comme l'a plaidé le président de l'Ouganda, Yoweri Museveni, l'Inde aurait intérêt à délocaliser des unités de production en Afrique où 6 500 de ses produits exportés vers l'Europe ou les Etats-Unis bénéficient des droits de douane à taux zéro.


Le 23 mars, 450 hommes d'affaires et 35 ministres originaires de 33 pays africains ont signé à Delhi des contrats, pour un montant estimé à 10 milliards de dollars (6,35 milliards d'euros) dans les secteurs des technologies de l'information, de la santé et de la pharmacie.
Les échanges avec l'Afrique, où réside une importante diaspora indienne, ont sextuplé ces cinq dernières années pour atteindre les 30 milliards de dollars annuels. Mais ils restent inférieurs à ceux enregistrés entre l'Afrique et la Chine, qui ont dépassé, en 2007, les 56 milliards de dollars. Pour faire croître le volume des échanges avec l'Afrique, le premier ministre Indien, Manmohan Singh, a annoncé qu'il baisserait les droits d'importation en provenance des 50 pays les plus pauvres (dont 37 Etats africains). Cette mesure va notamment concerner le coton, les minerais d'aluminium et de cuivre, les noix de cajou et la canne à sucre.


En échange, l'Inde souhaiterait avoir accès aux ressources énergétiques du continent africain. Ses besoins dans ce domaine augmentent vite avec un taux de croissance annuel moyen de 8,7 % enregistré au cours des cinq dernières années. Le pays importe 70 % de ses besoins pétroliers et sa consommation devrait doubler d'ici fin 2012. Mais là encore, il doit affronter la concurrence de la Chine qui cherche aussi à accéder aux ressources africaines. L'entreprise publique indienne ONGC vient ainsi de perdre en Afrique deux contrats d'exploitation d'hydrocarbures. "Alors que nous avions pourtant fait la meilleure offre, la Chine a augmenté la sienne et promis la construction d'infrastructures", explique, RS Sharma, le président du groupe indien.


"VALEUR AJOUTÉE"
Pour s'imposer face à sa rivale, l'Inde entend mieux coller aux nouvelles exigences de l'Union africaine. "L'Afrique n'est plus intéressée par les partenaires économiques qui ont une mentalité coloniale, ou qui convoitent simplement nos ressources naturelles", a indiqué François Moloi, le haut-commissaire sud-africain en Inde.


L'Inde propose donc aux pays africains de les faire bénéficier de transferts de technologie. "Nous ne voulons pas travailler comme les Chinois. Nous voulons établir (avec eux) de nouvelles relations économiques afin de leur permettre de mieux profiter de leurs ressources grâce à la valeur ajoutée", a précisé Jairam Ramesh, le ministre indien du commerce. L'Afrique du Sud pourrait ainsi acquérir un savoir-faire dans le polissage des diamants ; l'Inde, en échange, pourrait alors s'approvisionner en diamants bruts.


Ces transferts de compétences valent aussi pour les projets de développement financés par l'Inde, qui vont atteindre les 500 millions de dollars au cours des cinq prochaines années. En reliant 53 villes du continent africain dans un "réseau électronique panafricain", l'Inde va proposer des services de télé-médecine et de télé-éducation. Un médecin indien pourra bientôt soigner, à distance, un patient en Afrique. Pour participer à la construction d'infrastructures, Manmohan Singh a aussi annoncé le doublement des prêts consentis à l'Afrique à 5,4 milliards de dollars sur les cinq prochaines années, contre 2,15 milliards sur les cinq années précédentes.
Julien Bouissou

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