La réévaluation de la devise japonaise le Yen.

Rassurée sur la reprise économique, la Banque du Japon relève ses taux
LE MONDE 21.02.07 13h40. Article de Philippe Mesmer.

La Banque du Japon (BoJ) a décidé d'augmenter son taux directeur de 0,25 point, à 0,5 %. Après deux journées de réunion, mardi 20 et mercredi 21 février, le conseil de politique monétaire de l'établissement central a adopté, par huit voix contre une, la proposition émise par le gouverneur, Toshihiko Fukui. Le taux de référence est augmenté pour la première fois depuis juillet 2006, quand l'établissement central avait mis fin à la politique des taux zéro. Il retrouve ainsi son niveau de 1998.
CROISSANCE.
Le produit intérieur brut (PIB) du Japon a progressé de 2,2 % en 2006. Au quatrième trimestre, il s'est élevé à 4,8 % en rythme annuel.
Balance courante. Elle a dégagé en 2006 un excédent record de 19 839 milliards de yens (125,56 milliards d'euros), soit 8,7 % de plus qu'en 2005.
Chômage. Le taux de chômage s'est établi à 4,1 % en moyenne en 2006, son niveau le plus faible depuis 1998.
Réserves de change. Elles s'inscrivaient fin janvier à 895,38 milliards de dollars, au deuxième rang mondial derrière celles de la Chine.

Ce resserrement monétaire confirme la sortie de crise de la deuxième puissance économique mondiale, en déflation pendant près de dix ans à la suite de l'éclatement de la bulle spéculative immobilière et boursière au début des années 1990. L'économie japonaise tire notamment bénéfice de la vigueur de la croissance dans la région asiatique, et en particulier de son voisin chinois, avec lequel, malgré les tensions politiques, elle enregistre des échanges commerciaux records.

En janvier, la banque centrale avait choisi de reporter une décision similaire - pourtant attendue - en l'absence de données témoignant clairement d'un retour de l'inflation et d'une reprise nette de la consommation des ménages.

CLIMAT APAISÉ
L'évolution des prix reste un sujet d'inquiétude puisque les pressions déflationnistes semblent persister dans l'Archipel. Les prix n'ont augmenté que de 0,1 % en décembre 2006 et sur un an, mais enregistrent un repli de 0,2 % si les produits du pétrole sont exclus du calcul.

Néanmoins, le conseil a pu s'appuyer cette fois sur les bonnes performances de l'économie japonaise, annoncées le 15 février. Au cours du dernier trimestre 2006, le produit intérieur brut (PIB) de l'Archipel a crû de 4,8 % en rythme annuel, bien au-dessus des prévisions des économistes. La consommation est apparue en nette reprise, enregistrant une hausse de 1,1 %.

Dans le communiqué diffusé après l'annonce de la hausse, la BoJ considère le ralentissement de l'été 2006 comme "temporaire". La banque centrale estime que "sur le long terme la tendance devrait être à la progression des prix à la consommation". L'établissement précise que l'environnement monétaire reste "très accommodant" malgré les hausses.

La décision prise mercredi pourrait par ailleurs être considérée comme une contrepartie à l'attitude des pays du G7, dont les ministres des finances et banquiers centraux étaient réunis à Essen (Allemagne) les 9 et 10 février. Les responsables avaient alors évité d'accabler le yen, dont l'extrême faiblesse face à l'euro et au dollar - 158 yens pour un euro, 120 yens pour un dollar - mécontente les nations occidentales. La hausse des taux de mercredi devrait aider à la remontée de la monnaie japonaise, devenue plus rémunératrice.

La BoJ a par ailleurs pu débattre dans un climat politico-médiatique plus apaisé qu'en janvier. Le choix, opéré le 18 janvier, de maintenir inchangé le taux directeur avait été fait alors que l'ensemble de la presse annonçait, jusqu'à la veille de la décision, une hausse des taux. Le revirement de dernière minute avait alors été perçu comme une concession aux pressions du gouvernement, déclenchant une polémique.

Cette fois, les responsables politiques ne sont guère intervenus. Mardi, le ministre des finances, Koji Omi, avait émis le souhait que "la BoJ soutienne la reprise de l'économie au travers de sa politique", signe d'une réticence à voir augmenter les taux. Il avait cependant ajouté qu'il ne formulerait aucune demande auprès de l'établissement central sur la politique monétaire à suivre.

Philippe Mesmer

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