En Allemagne, test électoral pour Angela Merkel du journal "Le Monde"
Angela Merkel disposera-t-elle encore d'une majorité au Bundesrat, la chambre haute du Parlement, dans les semaines à venir ? Rien n'est moins sûr. Tout dépendra du résultat des élections organisées, dimanche 9 mai, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie.
Centrée autour de la Ruhr, cette région, qui est la plus peuplée (18 millions d'habitants) et la plus puissante d'Allemagne (plus de 20 % du produit intérieur brut du pays) a longtemps été un fief de la gauche. C'est là que les sociaux-démocrates du SPD ont leurs racines. Mais, depuis 2005, la droite y est majoritaire. A une coalition SPD-Verts a succédé, il y a cinq ans, une autre alliance, formée par les chrétiens-démocrates de la CDU et les libéraux du FDP, les deux partis qui, depuis l'automne 2009, sont également au pouvoir à Berlin.
Mais, justement, cette coïncidence n'a pas eu, pour la majorité régionale, que des effets heureux. Il y a un an, Jürgen Rüttgers, le tout-puissant ministre-président (CDU) de la région qui mettait en avant son honnêteté personnelle et sa fibre sociale, était certain d'être réélu le 9 mai. Aujourd'hui, tout pronostic est hasardeux. Affaibli par les difficultés du gouvernement d'Angela Merkel et éclaboussé par quelques affaires qui ont dégradé son image, Jürgen Rüttgers, né en 1951, apparaît sur la défensive.
Sa rivale du SPD, l'économiste Hannelore Kraft, 48 ans, presque inconnue il y a un an, fait aujourd'hui quasiment jeu égal avec lui. Chacun de ces deux grands partis est aujourd'hui crédité d'environ 35 % des voix. Et comme les Verts, selon les sondages, devraient obtenir bien davantage de voix que les libéraux, en perte de vitesse dans tout le pays (12 % contre 7,5 %, selon les sondages), le retour au pouvoir à Düsseldorf d'une alliance SPD-Verts n'est pas exclu. Avec comme conséquence directe pour Angela Merkel que la droite perdrait, de facto, la majorité dont elle dispose au Bundesrat.
Comme le prévoit en effet la Loi fondamentale, les six représentants de ce Land, aujourd'hui tous de droite, sont automatiquement remplacés par six représentants de la nouvelle majorité régionale. Si ce scénario se réalise, Angela Merkel devra donc désormais compter avec un Bundesrat qui basculera à gauche et pourra bloquer les projets de loi concernant notamment la fiscalité, la santé, la culture et l'enseignement.
Traumatisé
S'il est possible, ce schéma est loin d'être certain. A Berlin, comme à Düsseldorf, toutes les alliances sont envisagées en fonction des résultats. Une coalition CDU-Verts n'est pas exclue : elle est déjà à l'oeuvre à Hambourg. Depuis quelques jours, une grande coalition CDU-SPD a de nouveau la faveur des pronostics.
Prudents, les leaders régionaux se gardent d'abattre leurs cartes. Sur les deux grands thèmes qui ont dominé la campagne, la réforme du système éducatif et l'environnement, aucune alliance ne semble s'imposer. Sur l'école, la CDU est la seule à vouloir maintenir le système actuel alors que le SPD et les Verts veulent le rendre moins sélectif. Sur l'énergie, en particulier l'avenir des centrales nucléaires mais aussi des centrales au charbon, ce sont les Verts qui sont isolés.
En principe, ces trois partis, mais aussi les outsiders - les libéraux du FDP et la gauche de Die Linke qui pourrait dépasser les 5 % des voix et donc siéger au Parlement régional - auront jusqu'au 23 juin, date de l'élection du ministre-président de la région, pour boucler leurs négociations. Une victoire de Mme Kraft relancerait un SPD traumatisé par sa défaite électorale de l'automne 2009.
Frédéric Lemaître
Centrée autour de la Ruhr, cette région, qui est la plus peuplée (18 millions d'habitants) et la plus puissante d'Allemagne (plus de 20 % du produit intérieur brut du pays) a longtemps été un fief de la gauche. C'est là que les sociaux-démocrates du SPD ont leurs racines. Mais, depuis 2005, la droite y est majoritaire. A une coalition SPD-Verts a succédé, il y a cinq ans, une autre alliance, formée par les chrétiens-démocrates de la CDU et les libéraux du FDP, les deux partis qui, depuis l'automne 2009, sont également au pouvoir à Berlin.
Mais, justement, cette coïncidence n'a pas eu, pour la majorité régionale, que des effets heureux. Il y a un an, Jürgen Rüttgers, le tout-puissant ministre-président (CDU) de la région qui mettait en avant son honnêteté personnelle et sa fibre sociale, était certain d'être réélu le 9 mai. Aujourd'hui, tout pronostic est hasardeux. Affaibli par les difficultés du gouvernement d'Angela Merkel et éclaboussé par quelques affaires qui ont dégradé son image, Jürgen Rüttgers, né en 1951, apparaît sur la défensive.
Sa rivale du SPD, l'économiste Hannelore Kraft, 48 ans, presque inconnue il y a un an, fait aujourd'hui quasiment jeu égal avec lui. Chacun de ces deux grands partis est aujourd'hui crédité d'environ 35 % des voix. Et comme les Verts, selon les sondages, devraient obtenir bien davantage de voix que les libéraux, en perte de vitesse dans tout le pays (12 % contre 7,5 %, selon les sondages), le retour au pouvoir à Düsseldorf d'une alliance SPD-Verts n'est pas exclu. Avec comme conséquence directe pour Angela Merkel que la droite perdrait, de facto, la majorité dont elle dispose au Bundesrat.
Comme le prévoit en effet la Loi fondamentale, les six représentants de ce Land, aujourd'hui tous de droite, sont automatiquement remplacés par six représentants de la nouvelle majorité régionale. Si ce scénario se réalise, Angela Merkel devra donc désormais compter avec un Bundesrat qui basculera à gauche et pourra bloquer les projets de loi concernant notamment la fiscalité, la santé, la culture et l'enseignement.
Traumatisé
S'il est possible, ce schéma est loin d'être certain. A Berlin, comme à Düsseldorf, toutes les alliances sont envisagées en fonction des résultats. Une coalition CDU-Verts n'est pas exclue : elle est déjà à l'oeuvre à Hambourg. Depuis quelques jours, une grande coalition CDU-SPD a de nouveau la faveur des pronostics.
Prudents, les leaders régionaux se gardent d'abattre leurs cartes. Sur les deux grands thèmes qui ont dominé la campagne, la réforme du système éducatif et l'environnement, aucune alliance ne semble s'imposer. Sur l'école, la CDU est la seule à vouloir maintenir le système actuel alors que le SPD et les Verts veulent le rendre moins sélectif. Sur l'énergie, en particulier l'avenir des centrales nucléaires mais aussi des centrales au charbon, ce sont les Verts qui sont isolés.
En principe, ces trois partis, mais aussi les outsiders - les libéraux du FDP et la gauche de Die Linke qui pourrait dépasser les 5 % des voix et donc siéger au Parlement régional - auront jusqu'au 23 juin, date de l'élection du ministre-président de la région, pour boucler leurs négociations. Une victoire de Mme Kraft relancerait un SPD traumatisé par sa défaite électorale de l'automne 2009.
Frédéric Lemaître
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