Accord sur une zone de libre-échange en Afrique australe: Le président Kabila Joseph dit non et a tort.


Le sommet régional de Johannesbourg vient de lancer officiellement la naissance d'une zone de libre-échange en Afrique australe.Le Free Trade Agreement ou FTA constitue la première étape d'une intégration totale qui a pour objectif la création d'une monnaie unique en 2018.Cet accord vise l'élimination de 85% des taxes douanières à la fin de l'année et la suppression de toutes les taxes douanières d'ici 2012.

La RDC et le Malawi ont dit non
, arguant de la nécessité de renforcer leur économie avant de baisser les droits de douane. L'Angola compte intégrer la zone dans deux ou trois ans.Le Zimbabwe qui a une économie en plein marasme avec une inflation de près de 2,3 millions % a pourtant signé l'accord.

A terme, les pays de la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC) ambitionnent d'accroitre les échanges sur le marché régional de 360 milliards de dollars aujourd'hui à 431 milliards en 2012.

A court terme, ces accords vont profiter à l'Afrique du sud. C'est normal car c'est l'économie dominante en Afrique. Mais á moyen et long-terme, ces accords vont tirer la RDC d'en haut comme l'économie japonaise a réussi à tirer les pays de l'Asie du sud d'en haut ou comme les pays fondateurs de l'union européenne ont réussi à tirer d'en haut les économies portugaises, espagnole et irlandaises.C'est le même genre d'accord que les USA la première puissance mondiale , a signé avec le Canada et le Mexique , appelé "ALENA" ou NAFTA(North American Free Trade Agreement)entré en vigueur en 1994. Le Brésil a fait la même chose avec les accords de Mercosur.

Dans les cinq continents , les puissances économiques dominantes créent des zones de libre-échange. Ce qui se passe en Afrique du sud est la suite logique de ce qui se passe dans les autres parties du monde.

En faisant partie de l'aventure économique avec les SUDAF, il y a lieu d'imaginer dans le long-terme une convergence des niveaux de productivité, de technologie et de revenu par tête d'habitant entre la RDC et la RSA.
Bref l'écart entre l'économie dominante et de celle dominée allant en rétrécissant.

On parle alors de phénomène de rattrapage dans la théorie de croissance économique.

Cela n'arrive pas à tous les secteurs d'activités mais à certains secteurs ou la croissance de la productivité est très élevée.C'est surtout le secteur manufacturier contrairement aux autres secteurs qui sont caractérisés par des maladies de coût ou "cost desease" de Baumol.

Il n'y a donc pas des raisons d'avoir peur des SUDAF. En investissant en RDC , ils vont créer des emplois, qui vont profiter aux congolais.

Je vois très mal comment un patriote peut refuser que des investisseurs viennent créer des emplois qui vont profiter en premier lieu aux fils du pays ?


LE PRESIDENT KABILA A TORT DE DIRE NON A CET ACCORD




L'argumentation de la protection de l'industrie naissante en RDC est fallacieuse. Les partisans de l'industrie naissante qu'il faut protéger basent leur argumentation en faisant valoir l'imperfection des marchés des capitaux et le problème d'appropriabilité des connaissances générées par les firmes pionnières.

Pour eux, si la République Démocratique du Congo n'a pas encore l'ensemble des institutions financières(banques et marchés des actions )qui permettraient d'utiliser l'épargne des secteurs traditionnels (comme l'agriculture)vers les secteurs modernes comme l'industrie manufacturière, il convient de protéger l'économie congolaise de la concurrence Sud-Africaine, première puissance économique du continent.
(Je vous prie de lire un article ou j'avais développé la théorie du surplus sur ce blog)

En réalité, certains lobyistes, qui ont des entrées au palais présidentiels , usent de leur influence pour protéger les marchés qu'ils exploitent en RDC face à la concurrence sud-africaine et bénéficier des avantages de monopole.

Cela ne m'étonnerait pas si le ou les conseillers économiques du président Kabila soit/soient de mèche avec ces lobbies. Il ne s'agit pas de protéger l'économie congolaise, mais de protéger les intérêts financiers de quelques individus en RDC.

Le conseiller en matière économique du président Kabila devrait démissionner.

LA VÉRITÉ SUR BASE DES DONNÉES EMPIRIQUES

Les partisans de l'industrialisation en substitution des importations ou tout simplement les partisans du protectionnisme , que l'on peut situer vers les années 1950-1960, n'ont pas montré des signes de rattrapage par rapport aux pays avancés en poursuivant cette politique.

Ce fut le cas de l'Inde qui a poursuivi cette politique pendant 20 ans avec des résultats mitigés.

Par contre la Corée du sud , Hong-kong, Taiwan et Singapour qui ont ouvert leurs économies ont eu des résultats plus que spectaculaire.

Le président Kabila qui vient de passer un séjour en Chine lors de l'ouverture des jeux olympiques en sait quelque chose lorsque l'on parle d'une croissance de deux chiffres. Ce résultat, la Chine l'a obtenu ,pas en enfermant son économie mais en l'ouvrant à la concurrence étrangère lors de son entrée dans l'OMC(Organisation Mondiale du Commerce).

Il n'y a pas longtemps, le président Kabila Kabange Joseph déclarait devant Colette Braeckman du journal belge "Le soir" que la RDC sera la Chine de l'Afrique. Ce n'est pas en l'enfermant que le pays va atteindre le niveau de la Chine mais en l'ouvrant , en le modernisant,en l'affrontant avec les autres économies compétitives.

C'est le seul moyen de sortir la RDC dans la misère économique dans laquelle elle végète depuis des années.

Le protectionnisme tel qu´appliqué par la RDC du président Kabila est une vieille recette des années 50-60 au moment ou l'on partageait encore le slogan des pays non-alignés avec l'Inde.

Ces recettes ont montré leurs limites, et l'Inde a depuis longtemps changé l'arme de son épaule.

L'Inde est devenu un pays ouvert au commerce international et les dirigeants africains n'ont pas honte d'aller quémander l'argent aux indiens qui étaient pas longtemps encore des compagneros dans la liste des pays non alignés.

Une politique protectionniste ne peut créer un secteur manufacturier compétitif que si le pays possède des avantages comparatifs dans un secteur bien précis.


C'est l'ABC du commerce international que tout économiste doit savoir.

Si le pays n'a pas d'avantage comparatif, la protection ne servira à rien,c'est du bidon. La RDC manque de la main-d'œuvre qualifiée, d'entrepreneurs ayant des compétences managériales (Il suffit de rappeler les PDG congolais qui viennent de voler en toute impunité plus de 1,3 Milliards de USD) des investisseurs etc...

Ce n'est pas en fermant notre économie que l'on va créer des Managers ou une main d'œuvre compétitive.C'est en s'ouvrant aux meilleurs que l'on devient aussi meilleur.On ne peut pas devenir meilleur en se comportant comme le Malawi.

C'est en nous ouvrant à la concurrence,même de manière graduelle , que nous allons nous améliorer et prendre part aux innovations technologiques qui sont à la portée de toutes les économies et qui font que celles-ci deviennent compétitives.

Une taxe douanière élevée ou un quota d'importation(qui protège l'économie locale) peut permettre à un secteur manufacturier inefficient de survivre mais ne peut pas rendre ce secteur compétitif.

La politique de protection crée des distorsions dans une économie et renforce le dualisme économique.

Le portefeuille de l'État congolais compte 55 entreprises publiques et 64 entreprises d'économie mixte.Leur financement au budget de l'État est insignifiant. Cela depuis l'indépendance. Ce n'est pas le refus de prendre part à un projet africain(FTA) qui va rendre ces entreprises compétitives sur le marché des biens et services.

Si la RDC avait des entreprises dans des secteurs de pointe( Nanotechnologie, Biotechnologie par ex ) je pourrai comprendre que le gouvernement soit soucieux de protéger ces entreprises de la concurrence sud-africaine. Ce qui n'est pas le cas dans le pays.

En prenant la décision de ne pas prendre part à l'aventure économique commune du FTA, les autorités politiques congolaise démontrent leur vision à court terme des ambitions du Congo.

La RDC est grand et dispose des atouts énorme mais il lui manque des dirigeants à la mesure de sa grandeur et de ses potentialités.

Guy Kapayo
Germany

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