Congo-Kinshasa: Autours des événements des 22 et 23 mars derniers à Kinshasa.
Le Potentiel (Kinshasa)-Publié sur le web le 27 Mars 2007
Freddy Monsa Iyaka Duku
Kinshasa
Le schéma de Luanda
Juste après la signature des accords d'Estoril, à Lisbonne au Portugal signés le 31 mai 1991, Jonas Savimbi avait été autorisé à venir à Luanda, capitale de la République d'Angola. C'est ainsi que l'Unita avait établi son siège à l' Hôtel Tourismo, en plein centre de Luanda. Outre les responsables du parti, un détachement militaire assurait la protection et la sécurité de ces personnalités.
Malheureusement, la méfiance aidant, les gens de l'UNITA et du MPLA ne filaient pas le parfait amour. Vint alors la contestation électorale, d'abord au niveau des législatives avant la présidentielle angolaise. C'est ainsi qu'un certain jour de l'année 1995, les combats avaient éclaté en plein centre ville de Luanda. Au terme des combats acharnés dans la capitale qui ont fait de nombreux morts et blessés, en plus des dégâts matériels très importants, les forces régulières du MPLA avaient fini par avoir raison des éléments de l'UNITA qui ont été chassés de la capitale.
Dans leur fuite, ils se sont repliés sur Huambo et Uize où Savimbi s'était retranché dans un premier temps. Ensuite à Jamba, le quartier général de l'UNITA. Les hostilités avaient repris de plus belle. Qui plus est, Savimbi qui contestait les élections tant législatives que présidentielle, n'avait jamais eu gain de cause, jusqu'au jour où traqué de toutes parts, abandonné par le siens, voire certains de ses enfants à en croire les journaux angolais, Savimbi succomba en plein combat. C'était le 22 février 2002, coincé dans la province de Moxico, entre les fleuves Luevei et Luoli, non loin de la frontière avec la Zambie.
Devant les hypothèses qui se dégageaient dans ce bras de fer dans cette interprétation sur la garde rapprochée commise à la protection des anciens vice-présidents de la République, de nombreux observateurs avaient invité les deux parties à éviter le schéma de Brazzaville et de Luanda. L'Union européenne, par le canal de son nouvel envoyé spécial dans la région des Grands Lacs, avait appelé le pouvoir et l'opposition à négocier, à dialoguer. Le Potentiel s'est fait l'écho de relayer ces préoccupations et celles des populations congolaises pour autant que toute victoire militaire par définition n'a jamais apporté une solution de paix durable.
A Brazzaville, alors que le président Lissouba était en fonction, il avait tenté de désarmer par la force la « garde rapprochée de Denis Sassou Nguesso », candidat malheureux des dernières présidentielles qui venaient de se dérouler à Brazzaville. Les « Ninja et le Kokoy » s'étaient affrontés sérieusement qu'on avait cru à un « suicide collectif » tant il est vrai que Kinshasa avait accueilli tous les réfugiés congolais d'en face, au regard de la violence des combats. La suite tout le monde la connaît.
Il en est de même des combats de Luanda. La violence était telle que les affrontements avaient atteint les provinces, faisant des milliers de victimes parmi les populations civiles. Jusqu' à ce jour, les traces sont là, manifestement visibles, même à Luanda.
Aucun des protagonistes congolais n'a voulu se remémorer ces deux schémas tragiques pour épargner le peuple congolais de nouvelles tragédies. Avec la rage des pyromanes, les combats de Kinshasa ont eu lieu, faisant de nombreux morts, parmi lesquels plusieurs innocents, frappés par des obus en plein sommeil. Ils sont morts sans savoir pourquoi. Que dire de ces écoliers, otages de la boulimie du pouvoir ? De quelle la manière l'électorat congolais vient-il d'être remercié après avoir voté en toute dignité ?
Certes, il y a un vainqueur et un vaincu. Puisqu'il existe de nombreuses similitudes avec le « schéma de Luanda », il y a fort à parier que Jean-Pierre Bemba ne puisse remonter la pente. A la seule condition que la voie de la sagesse triomphe en relançant le dialogue permanent dans un contexte de franchise, de sincérité et du respect des institutions de la République. Dans le cas contraire, Jean-Pierre Bemba est bel et bien sur les traces de Savimbi.
Cependant, ce qu'il faut retenir de ce schéma de Luanda, c'est qu'il offre peu d'opportunités aux négociations politiques. Seuls les vaincus d'hier doivent se faire violence, transcender leurs sentiments pour s'impliquer et se soumettre aux institutions de la République issues des dernières élections. Ils n'ont pas de choix. Oui, comme à l'époque de César, malheur aux vaincus.
Freddy Monsa Iyaka Duku
Kinshasa
Le schéma de Luanda
Juste après la signature des accords d'Estoril, à Lisbonne au Portugal signés le 31 mai 1991, Jonas Savimbi avait été autorisé à venir à Luanda, capitale de la République d'Angola. C'est ainsi que l'Unita avait établi son siège à l' Hôtel Tourismo, en plein centre de Luanda. Outre les responsables du parti, un détachement militaire assurait la protection et la sécurité de ces personnalités.
Malheureusement, la méfiance aidant, les gens de l'UNITA et du MPLA ne filaient pas le parfait amour. Vint alors la contestation électorale, d'abord au niveau des législatives avant la présidentielle angolaise. C'est ainsi qu'un certain jour de l'année 1995, les combats avaient éclaté en plein centre ville de Luanda. Au terme des combats acharnés dans la capitale qui ont fait de nombreux morts et blessés, en plus des dégâts matériels très importants, les forces régulières du MPLA avaient fini par avoir raison des éléments de l'UNITA qui ont été chassés de la capitale.
Dans leur fuite, ils se sont repliés sur Huambo et Uize où Savimbi s'était retranché dans un premier temps. Ensuite à Jamba, le quartier général de l'UNITA. Les hostilités avaient repris de plus belle. Qui plus est, Savimbi qui contestait les élections tant législatives que présidentielle, n'avait jamais eu gain de cause, jusqu'au jour où traqué de toutes parts, abandonné par le siens, voire certains de ses enfants à en croire les journaux angolais, Savimbi succomba en plein combat. C'était le 22 février 2002, coincé dans la province de Moxico, entre les fleuves Luevei et Luoli, non loin de la frontière avec la Zambie.
Devant les hypothèses qui se dégageaient dans ce bras de fer dans cette interprétation sur la garde rapprochée commise à la protection des anciens vice-présidents de la République, de nombreux observateurs avaient invité les deux parties à éviter le schéma de Brazzaville et de Luanda. L'Union européenne, par le canal de son nouvel envoyé spécial dans la région des Grands Lacs, avait appelé le pouvoir et l'opposition à négocier, à dialoguer. Le Potentiel s'est fait l'écho de relayer ces préoccupations et celles des populations congolaises pour autant que toute victoire militaire par définition n'a jamais apporté une solution de paix durable.
A Brazzaville, alors que le président Lissouba était en fonction, il avait tenté de désarmer par la force la « garde rapprochée de Denis Sassou Nguesso », candidat malheureux des dernières présidentielles qui venaient de se dérouler à Brazzaville. Les « Ninja et le Kokoy » s'étaient affrontés sérieusement qu'on avait cru à un « suicide collectif » tant il est vrai que Kinshasa avait accueilli tous les réfugiés congolais d'en face, au regard de la violence des combats. La suite tout le monde la connaît.
Il en est de même des combats de Luanda. La violence était telle que les affrontements avaient atteint les provinces, faisant des milliers de victimes parmi les populations civiles. Jusqu' à ce jour, les traces sont là, manifestement visibles, même à Luanda.
Aucun des protagonistes congolais n'a voulu se remémorer ces deux schémas tragiques pour épargner le peuple congolais de nouvelles tragédies. Avec la rage des pyromanes, les combats de Kinshasa ont eu lieu, faisant de nombreux morts, parmi lesquels plusieurs innocents, frappés par des obus en plein sommeil. Ils sont morts sans savoir pourquoi. Que dire de ces écoliers, otages de la boulimie du pouvoir ? De quelle la manière l'électorat congolais vient-il d'être remercié après avoir voté en toute dignité ?
Certes, il y a un vainqueur et un vaincu. Puisqu'il existe de nombreuses similitudes avec le « schéma de Luanda », il y a fort à parier que Jean-Pierre Bemba ne puisse remonter la pente. A la seule condition que la voie de la sagesse triomphe en relançant le dialogue permanent dans un contexte de franchise, de sincérité et du respect des institutions de la République. Dans le cas contraire, Jean-Pierre Bemba est bel et bien sur les traces de Savimbi.
Cependant, ce qu'il faut retenir de ce schéma de Luanda, c'est qu'il offre peu d'opportunités aux négociations politiques. Seuls les vaincus d'hier doivent se faire violence, transcender leurs sentiments pour s'impliquer et se soumettre aux institutions de la République issues des dernières élections. Ils n'ont pas de choix. Oui, comme à l'époque de César, malheur aux vaincus.
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