Les pays industrialisés demandent à la Chine de réévaluer sa monnaie et ignorent la faiblesse de la monnaie japonaise.

Les pays du G7 dans leur communiqué final (du samedi 10 février 2007) ont demandé a la Chine de laisser sa monnaie s’apprécier tout en épargnant des critiques le Japon dont la monnaie est aussi sous-évaluée. Au départ de cette réunion, les Européens par le canal du ministre allemand des finances qui préside la rencontre avaient retenu à l’ordre du jour :
  • un débat sur la faiblesse de la devise japonaise , le yen
  • et le rôle négatif joué par les capitaux spéculatifs appelés « Hedge fond ».
Au départ les Européens estiment que le Japon encourage sa monnaie à la baisse en vue d’encourager ses exportations et augmenter sa part de marché sur le plan mondial. Mais la première puissance économique du monde n’était pas de cet avis. Pour les Américains, le débat devait se focaliser sur la valeur de la monnaie chinoise et le débat sur le rôle des fonds spéculatifs dont "les fonds de pensions américains "ne devait pas figurer sur l’agenda.

A la lecture du communiqué final,on se rend compte que les USA ont eu gain de cause.
S’agissant de la valeur du Yen japonais , les américains estiment qu’il faut laisser le soin au marché de déterminer son niveau.

1. Les crises de change des années 1990(Crise de première et seconde génération de Krugman et Obstfeld).

Les crises de change qui se sont produit dans les années 90 ont eu des explications divergentes de la part des économistes. Certains ont essayé de les expliquer en s’appuyant sur les fondamentaux de l’économie, d’autres ont plutôt mis l’accent sur les anticipations auto-réalisatrices. C'est le débat des partisants de la théorie de première et seconde génération.

L’on peut citer comme exemple, la sortie de la livre du Système Monétaire Européen en 1992, de la tentative de faire décrocher le Franc francais du Deutsche Mark allemand en 1993, de la dévaluation du peso mexicain en 1994, de la crise de change en Asie de l’Est (Indonésie, Malaisie, Corée du sud, Thaïlande) en 1997, de la crise de la monnaie russe en 1998 , de la crise du Brésil en 1999, de la crise argentine en 2001-2002 etc.

2. Le point de vue américain

Pour les américains, la spéculation joue un rôle correcteur et ne fait que relever les divergences des taux de change réels par rapport a leur valeur fondamentale. Les défenseurs de cette école de pensée estiment que les attaques spéculatives de Georges Soros en 1992(qui avait gagné 1 milliard de dollar sur cette opération ) sur la livre sterling ont simplement revelé à l’époque la valeur fictive de la livre par rapport á sa valeur fondamentale.
3. La théorie des crises de change a évoluée.

Après la crise de change au Mexique et surtout en Asie de l’Est , certains économistes ont fini par reconnaître que les équilibres de marché peuvent être multiples et que le libre fonctionnement des marchés ne conduit pas à un équilibre unique et qui plus est optimal selon les critères d’efficacité et de croissance économique.
Dès lors la définition d’un taux de change d’équilibre pose aussi problème dans un univers de libre circulation des capitaux.

Les fonds spéculatifs qui font des paris très risqués sur les marchés, disposent d’une somme évaluée á 1.400 milliards d’Euros dans le monde et leur influence sur l’économie mondiale n’est plus à ignorer. Mais compte tenu de ce flux permanent des capitaux sur le marché global, flux qui font varier l’offre et la demande des devises, mesurer le taux de change d’équilibre devient un jeu hasardeux , ou alors on ne peut le calculer qu’avec une large marge d’erreur ou d’incertitude.

Alors prétendre que les spéculateurs(Hedge Funds) sont les détecteurs avancés des déséquilibres fondamentaux, alors qu’ils ne disposent pas d’instrument pour calculer avec exactitude ces déséquilibre poussent le gouvernement américain à refuser tout débat sur ce point , cela fut le cas aussi ce week-end à Essen en Allemagne.

4. Le danger ne concerne pas les pays de l’UE

Les américains estiment que les Fonds spéculatifs, peuvent en spéculant à la hausse ou à la baisse d’une monnaie, provoquer le basculement des anticipations d’un grand nombre d’acteurs financiers , non seulement sur leur taux de change mais sur l’avenir d’une économie. Ce danger concerne surtout les pays émergents qui ont libéralisé leur compte de capital en supprimant tout contrôle d’entrée et de sortie des devises. Ce danger ne concerne pas l’Union européenne. Alors au G7 ce débat ne devrait pas se poser pour les américains car les représentants des pays émergents ne sont pas membres du club.

5. La réevaluation du Yen ou du Yuan ?

Le communiqué final a stigmatisé la Chine de réévaluer sa monnaie , mais dans ce communiqué , ont ne dit pas assez des conséquences de cette réévaluation sur la croissance mondiale, dès lors que l’on sait que c’est la Chine qui tire actuellement la croissance mondiale.Une hausse de la valeur de la dévise chinoise va baisser sa croissance par deux . La production va chuter en Chine et cela risque de conduire l'économie chinoise à une forte déflation. Cela appauvrirai surtout le milieu rural. On semble souvent oublier que la Chine est un pays de 1,3 Milliards d'habitants et que ce pays a d'énormes défis en matière de santé, d'éducation , d'agriculture et surtout d'environnement. La baisse de la croissance en Chine risque de conduire à la baisse de la croissance mondiale. Le secteur manufacturier en Chine connait une croissance de productivité. L'effet Balassa-Samuelson nous pousse à penser que la monnaie chinoise va s'apprécier d'elle-même au cours des temps. Il faut laisser le marché jouer son rôle .
Ce communiqué ne souligne pas assez aussi que le déficit de la balance commerciale américaine est liée á sa politique économique . Tout déficit de la balance commercial(NX) trouve son explication sur trois variables, à savoir , le niveau d’investissement(I), l’épargne de l’Etat(T-G) et l’épargne privée(S)
c’est à dire [NX= S +(T-G) - I)].

Pour savoir si l’on doit s’inquiéter d’un déficit de la balance commerciale , il faut donc savoir d’où il vient. Si les consommateurs ou le gouvernement dépensent trop par rapport á leur revenu, il y a lieu de s’inquiéter, mais si le déficit est le résultat d’un niveau d’investissement élevé , il n’y a pas des raisons de s’inquiéter.
Alors la question, « quelle est l’origine réelle du déficit commercial américain ? » Répondre à cette question permettra aux dirigeants américains d'éviter de confondre les causes aux effets.

6. Contrôler les fonds spéculatifs est-ce possible ?.

Les Américains reconnaissent que le fonctionnement libre des marchés peut conduire à une multitude d’équilibre ou trajectoires dynamiques et que la spéculation ne peut engendrer tout au plus qu’un peu de volatilité et seulement dans les pays émergents. Ils ne peuvent pas donc pas ignorer que la spéculation( Hedge Fund) peut conduire á modifier la trajectoire d’une économies ou des économies entières.

D’autre part le ministre allemand des finances se prononce pour la volonté des politiques de contrôler les marchés (On évoque souvent la loi Tobin) mais ne souligne pas assez que la spéculation est l’enfant adultérin de l’économie de marché et qu’il est impossible de le contrôler car on ne connaît pas avec certitude son origine.

On peut tout au plus trouver des modes de régulations étatiques spécifiques qui permettent de limiter les dégâts lorsque la spéculation devient nuisible á l’ensemble de l’économie, mais prétendre le contrôler relève d’un chimère.
Pour éviter la crise qui a secoué les pays de l'Asie d l'Est , le gouvernement chinois avait mis en place un contrôle des capitaux à l'entrée. Pour se prémunir contre les OPA hostiles, les Américains ont mis en place l'instrument de "la pilule douloureuse "et les allemands "la loi VW". Ce sont là des modes de régulations qui sont à la disposition des Etats pour lutter contre la spéculation ou les Offres Publiques d'Achats hostiles.

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