La faiblesse de la monnaie japonaise inquiète l' U.E..

Article publié par l'AFP le 09.02.2007
Les grands argentiers des pays riches du G7 se retrouvent vendredi en Allemagne dans un climat pesant : les Européens s'inquiètent de l'impact de la forte baisse du yen sur leur croissance, alors qu'Etats-Unis et Japon restent partisans du laisser-faire.
Ministres des Finances et gouverneurs de banques centrales des Etats-Unis, du Japon, de la France, de l'Allemagne, du Royaume-Uni, de l'Italie et du Canada doivent entamer leurs discussions sur l'état de l'économie mondiale dans la soirée à Essen (nord), en présence de représentants de plusieurs pays émergents.
Les retrouvailles, prévues sur deux jours, seront cette fois dominées par un contentieux autour de la faiblesse du yen.
Depuis 2001, le taux de change réel de l'euro (prenant en compte le différentiel d'inflation avec le Japon) s'est apprécié de 63% par rapport à la monnaie nipponne, selon une étude publiée cette semaine par la banque Société Générale, qui parle d'une hausse "insoutenable". Avec une accélération de cette tendance en début d'année.
Hasard de calendrier, la France et la Grande-Bretagne ont toutes deux annoncé vendredi avoir enregistré des déficits commerciaux records en 2006. Une situation due notamment à la facture pétrolière, mais qui n'en devrait pas moins alimenter les débats à Essen.
"Comme pour tous les G7-finances, les taux de change vont jouer un rôle (dans les travaux). Le yen est aussi une monnaie importante, à côté d'autres", a prévenu le secrétaire d'Etat allemand aux Finances, Thomas Mirow.
Les Européens soupçonnent peu ou prou le Japon d'encourager la faiblesse de la monnaie nationale pour soutenir ses exportations, en maintenant des taux d'intérêt plus bas que ne le justifie la santé retrouvée de l'économie de l'archipel.
"Nous estimons que la reprise conjoncturelle que connaît actuellement le Japon doit se refléter dans le taux de change du yen", a tancé fin janvier le président de l'Eurogroupe (qui réunit les ministres des Finances de la zone euro) Jean-Claude Juncker.
Toutefois, "il est très peu probable que le communiqué final que publiera le G7 aille jusqu'à directement montrer du doigt le Japon", relativise Sonja Marten, économiste de la banque Dresdner Kleinwort.
Le ministre japonais des Finances, Koji Omi, s'est borné à répéter vendredi que le taux de change du yen devait "refléter les fondamentaux" de l'économie nippone. Mais un dirigeant de la Banque du Japon, Hidehiko Haru, a reconnu le même jour que le yen faible aurait "globalement un effet positif" sur l'économie du pays, via le soutien qu'il apporte aux exportateurs.
Tokyo peut compter dans son attentisme sur le soutien des Etats-Unis qui, par la voix de leur secrétaire au Trésor Henry Paulson, ont cherché ces derniers temps à minimiser l'impact de la baisse du yen. Il est vrai que la monnaie japonaise a moins reculé face au dollar que vis-à-vis de l'euro.
Il est aussi établi que Washington a une autre priorité en matière monétaire : le yuan chinois, également une monnaie faible, qui contribue à creuser plus que le yen l'abyssal déficit commercial américain.
Ces passes d'armes sur les changes devraient largement éclipser les autres sujets au programme de la réunion d'Essen : le manque de transparence des puissants fonds spéculatifs (hedge funds), le blocage des négociations commerciales à l'OMC, l'Afrique, l'énergie et le réchauffement climatique.
Les représentants de plusieurs pays émergents (Brésil, Russie, Inde, Chine, Mexique et Afrique du Sud) ont été conviés pour ce faire à certaines séances de travail. Le G7 s'achèvera samedi.

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