Conditionnalités du FMI et plan du gouvernement Gizenga.

Pour accorder un prêt à la RDC, le FMI pose des conditionnalités. Ces prêts sont caractérisés par l’échelonnement des décaissements. Ceci permet au FMI de vérifier si le pays respecte ses engagements. Les outils du FMI sont :
1. Les mesures préalables
2. Les critères de réalisation
3. Les repères structurelles
4. La revue des programmes
L’encours de la dette de la RDC envers les créanciers internationaux s’élève aujourd’hui à 10.822 millions de dollars. Pour payer cette dette , la RDC doit allouer 12% de ses recettes d’exportations et 12,9% de ses recettes fiscales. Dans cette somme de 10,2 Milliards de dollars US , l’on exclut la dette intérieure qui n’apparaît pas dans le document du gouvernement de la troisième république.

La RDC , état des lieux…

A) Plus de 80% de la population congolaise vit en milieu rural et leur activité principale est la pêche, l’agriculture , l’élevage . (Cfr Programme du gouvernement Gizenga 2007-2011 Pg 17).
B) 73% de la population congolaise vit dans l’insécurité alimentaire.
C) Les exportations agricoles ne représentent qu’environ 10% du PIB.
D) La RDC compte 55 entreprises publiques et 64 entreprises d’économies mixtes et leur contribution au financement du budget de l’Etat est insignifiante et sont caractérisé par un personnel pléthorique. Bref , pour fonctionner ,ces entreprises ont besoin des subsides de l’Etat.
E) Sur une population active de 27.360.000 personnes , soit 48% de la population, la main-d’œuvre salariée est estimée à 4%( Cfr document page 23).


Que va faire le FMI lors des négociations avec le gouvernement Gizenga ?


Le FMI est une institution qui a une réputation à protéger ou à défendre. Le FMI ne connaît pas la pitié et ce n’est pas parce que la RDC vient de sortir de la guerre que l’on aura pitié et l’on va lui accorder les prêts dont elle besoin. Non …. Le FMI va à mon avis exiger du gouvernement Gizenga les conditions suivantes :

1. Définir le calendrier des privatisations des entreprises publiques
2. La suppression par l’Etat des subventions accordées aux produits de base
3. Supprimer les barrières á l’entrée et à la sortie des marchés des capitaux
4. Libéraliser l’économie par l’intégration immédiate sur le marché international en supprimant les droits de douane à l’entrée et à la sortie
5. La suppression des mesures de contingentement
6. L’introduction de la taxe sur la valeur ajoutée en vue de compenser la perte des recettes de douane à l’importation et à l’exportation .


Si le gouvernement remplit avec succès ces conditionnalités, le FMI va lui accorder quelques milliers de dollars pour l’encourager á poursuivre encore les reformes. C’est le point de décision.
Du point de décision au point d’achèvement.

Depuis 1999, le FMI a fixé la lutte contre la pauvreté comme objectif essentiel de son programme de facilité pour la réduction de la pauvreté et la croissance et exige aux pays pauvres d’établir un document de stratégie de réduction de la pauvreté ( DSRP.)

Alors si le gouvernement donne la preuve qu’il exécute comme il convient les programmes soutenus par le FMI et la Banque Mondiale, le pays va accéder « au point d’achèvement » .

La durée entre le point de décision et le point d’achèvement dépend :

· De l’exécution satisfaisante des reformes fondamentales cités au point de décision.
· Du maintient de la stabilité macroéconomique
· De l’adoption et de l’exécution du DSRP

Si le gouvernement remplit ces étapes avec succès, il va alors bénéficier d’un prêt à un taux préférentiel qu’on nomme » Facilités pour la réduction de la pauvreté et la croissance ».
En réalité cette facilité est une nouvelle dette que les générations futures vont payer , c’est à dire nos enfants et nos petits enfants.

La réaction des fonds spéculatifs en occident.


Si la RDC remplit toutes les conditionnalités, le FMI aura fait son travail de balisage.

Aussi , les fonds spéculatifs ou Hedge Fond qui disposent de beaucoup d’argent et veulent investir dans des pays qui disposent des opportunités financières intéressantes vont venir acheter des entreprises congolaises á des prix dérisoires . Le personnel sera licencié et les actifs des entreprises seront vendus, soit dépecés en fonction de leur rendement attendue à échéance.

Cela va aller à l’encontre d’un élément important du dispositif du chantier du président Kabila notamment la création d’emploi en RDC.

Je prend un exemple : La REGIDESO fournit de l’eau. Le prix de l’eaux au m3 est subventionné par l’Etat . C’est ainsi qu’une partie de la population pauvre de la RDC peut avoir accès à l’eau potable.
Le FMI va demander au gouvernement Gizenga de supprimer la subvention et de laisser le marché fixer le prix de l’eau en fonction de la loi de l’offre et de la demande ou des différents coûts de production . Bref le prix de l’eau va augmenter. Or une des priorités du président de la République est de faciliter l’accès á l’eau potable á toute la population congolaise. Cela sera le cas pour l’électricité etc…

Pour la SNEL qui distribue le courant électrique, le FMI va demander de laisser le marché fixer le prix. Le prix du Kwh va augmenter et donc la facture à domicile pour chaque congolais.

Que faire pour se protéger contre les fonds spéculatifs ?

Je ne suis pas partisan du protectionnisme aveugle mais j’estime qu’il appartient au gouvernement de la République de faire des choix stratégiques quant aux secteurs d’activités qui peuvent ou doivent bénéficier d’un minimum de protection de l’Etat et d’autres secteurs ou l’on peut exiger une forme de coopération et des secteurs ou il faut pratiquement privatiser. Je vais prendre comme modèles des pays occidentaux qui choisissent divers modèles pour protéger leurs entreprises des offres publics d’achats hostiles ou O.P.A.
La France
: C’est en 2005 lorsque Pepsi Cola a voulu racheter la société francaise Danone que le gouvernement francais a publié au journal officiel un décret établissant une liste de onze secteurs stratégiques à protéger des investissements étrangers.
Allemagne
: La loi VW(Volkswagen) assure à l’Etat fédéré Niedersachsen le contrôle de l’usine VW. Un autre secteur protégé en Allemagne est celui des caisses d’épargnes (Sparkasse) quant á une opération de rachat de la part des banques privées.
Les USA :
Les USA qui sont champion toute catégorie du libre marché n’hésitent pas de protéger leur marché ou leurs entreprises contre une prise de participation hostile lorsque les intérêts américains l’exigent. En 2005 la société chinoise China National Offshore Oil Company(Cnooc) a voulu racheter la société américaine Unocal. Le gouvernement américain avait mis son veto et l’opération n’a pas eu lieu. En mars 2006, une société de Dubai a tenté de prendre le contrôle de six grands ports des USA, les américains ont fait valoir les intérêts sécuritaires pour refuser cette opération.

Question
: Pourquoi la RDC ne doit pas protéger certains secteurs stratégiques et doit tout privatiser parce que le FMI l’exige ?

Que faire face aux fonctionnaires du FMI ?
La réponse á cette question se trouve dans un article que j’avais publié sur mon blog le Vendredi 24 Novembre 2006 sous le titre « Restructuration de la dette souveraine en 2006 :FMI et RDC que faire ? » sur http://kapayo.blogspot.com/ .
Le programme du gouvernement Gizenga pour 2007-2011.

Pour financer le programme du gouvernement., le premier ministre Gizenga fixe la somme de 14,317 milliards US dont 6,982 milliards $ US des ressources propres de l’Etat congolais et 7,335 $ US de soutient extérieur. Soit 46,77% de fonds propres et 51,23% de dette.
Sans vouloir être pessimiste, je ne vois pas pourquoi les occidentaux vont engager plus de la moitié de nos besoins en financement en vue de financer le reconstruction de la RDC sans une garantie suffisante. Nkundabatera court toujours … et tout le monde sait là ou il est, on s’en accommode mais les occidentaux prennent cela comme un danger ou risque potentiel.

Ils doivent donc regarder deux fois avant d’engager leurs ressources dans un Congo sans infrastructure. C’est simplement logique de leur part.
Je pense pour ma part que la RDC peut disposer d’assez de ressources s’il réduisait le train de vie de l’Etat congolais au sens strict. J’ai cité à titre exemplatif le genre de mesure á prendre pour dégager des ressources sur mon article « Restructuration de la dette souveraine en 2006 : FMI et RDC que faire » voir http://kapayo.blogspot.com/ et j’ai écrit aussi un autre article le dimanche 03. 12.2006 sous le titre « Blanchissement des capitaux et structure de corruption : Mode opératoire » toujours sur http://kapayo.blogspot.com/.
La commission de l’éthique et de la lutte contre la corruption avait écrit sous la plume de son président Pamphile Bau wa Badu en Décembre 2006 que les institutions les plus corrompues de la période de transition sont la présidence et les quatre vice-président de la RDC (23%) , la magistrature (14%) et l’office des douanes (10%). Fin de citation.

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