Innovations technologiques en RDC (Contribution au débat avec le Prof. Maswana de l'Université de Kyoto au Japon)


Si l’on devrait raconter l’histoire du capitalisme occidental, on le ferait certainement en terme d’une série d’histoire de cycle de long terme ou les phases de croissances, de maturité et de récession s’alternent.

Les nouvelles théories de la croissance économique(le modèle de Solow ) reposent sur trois composantes essentielles : l’accumulation du capital, la démographie et la connaissance ou l’innovation technologique. Les nouvelles théories de croissance endogènes se différencient du modèle de Solow dans l’idée que l’on éliminerait la composante productivité marginale décroissante du facteur capital.
Au lieu de Y=K.(AL) on parle du modèle Y=A.K

1. De l’innovation technologique et ses différentes formes.

L’innovation et l’adaptation technologique sont les moteurs de la croissance de la productivité. Cette innovation prend la forme de nouveaux produits, de nouveaux procédés de production, de nouvelles formes d’organisation au sein d’une entreprise ou des marchés ou encore des innovations
institutionnelles etc.

L’innovation et l’adaptation technologique sont produites au sein des entreprises pour une large part. Cela dépend de la politique du gouvernement en matière de recherche et developpement, et des incitations á innover .(Politiques des brevets, de la propriété intellectuelle, subventions à la recherche et developpement, politique industrielle etc..).

L’idée de « destruction créatrice » de l’économiste Schumpeter explique le processus de l’innovation et de la croissance de la productivité. En effet, l’introduction d’une nouvelle technologie rend ou accélère l’obsolescence de la technologie existante, des biens d’équipements et des connaissances liées á cette ancienne technologie.

Cela contribue à créer des inégalités entre ceux qui s’adaptent á cette nouvelle technologie et ceux qui ne peuvent ou ne veulent pas s’adapter. Seul des dispositions à une formation permanente évitent la création de cet écart technologique. Les entreprises qui refusent d’adapter leur ancienne technologie aux nouvelles disparaissent. C’est le cas dans le domaine de la photographie ou la photographie digitale a fait disparaître les photos instantanées polaroid.

Pour rattraper les pays développés (ou les économies d’innovations) une nation sous-développée (ou économie d'imitation/ou de rattrapage)ne peut que compter sur sa capacité á se doter d’un capital humain de qualité. L’éducation, l’instruction, la recherche et les innovations(organisationnelles ou institutionnelles ) constituent les clés de la croissance et du developpement économique.

Dans les économies d’innovations, la recherche et le developpement ou R&D augmente l’offre des chercheurs potentiels qui peuvent transformer facilement toute innovation technologique en nouvelle entreprise ou Start up. Ce transfert immédiat réduit le coût de la recherche et developpement et renforce les incitations á toute forme de politique de subvention de la recherche et du developpement.


Dans les pays ou économies d’adaptation/d’imitation, l’instruction, la R &D facilitent l’adoption de nouvelles technologies existantes(développés dans les pays avancés) et leur adaptation aux spécificités locales et géographiques. Cette capacité d’adaptation est une forme d’innovation pour ces économies et peut conduire ces pays á un processus de rattrapage dans la mesure ou la productivité marginale du capital a un rendement plus élevé dans les pays pauvres que les pays riches.

2. Les vagues du capitalisme depuis le 18ième siècle.


Selon l’économiste Schumpeter, l’économie mondiale est caractérisée par des cycles ou des périodes de croissance, de maturité et des récessions se succèdent . Depuis le 18 ième siècle à nos jours ces phases sont concrétisées par des innovations nombreuses depuis la découverte de la machine à vapeur jusqu’à la révolution technologique.

A. Première révolution industrielle.



L'économie occidentale a connu une croissance entre 1790-1815(Machine á vapeur; Metier à tisser)et une recession entre 1815-1848.


B. Seconde phase d'expansion



Entre 18 48-1875(Chemin de fer, Charbon, Metaux) et une récession entre 1875-1896.


C. Troisième cycle d'expansion.



Entre 1896-1920(Electricité, Chimie, Moteur à explosion) et une récession entre 1920-1944.


D.Quatrième cycle d'expansion ( les trente glorieuses de Keyness et première crise du pétrole).



Entre 1944-1970(Moteur électricque,plastique) et une récession entre 1970-1990


E. Cinquième phase d'expansion (IT-Révolution)



Entre 1990-2040(Informatique, Biotechnologie, Nanotechnologie, Nouveaux matériaux)

Les économistes se disputent encore aujourd’hui pour ne pas reconnaître le caractère innovatrice de la « technologie industrielle ». D’autres auteurs disent que dans la croissance économique, la composante qui ne peut être expliqué par l’accumulation du capital et la démographie ne peut qu’être expliquée par ce que l’on appelle « le résidu de Solow “.

3. Innovation en RDC : Quel modèle suivre ?

S’agissant de la République démocratique du Congo, nous pouvons, à défaut de la considérer comme une économie sous-développé, la considérer comme une économie d’imitation pour le besoin de l’analyse.

La RDC comme toutes les économies du monde dispose des potentialités énormes. Il appartient au fils et filles de ce pays de savoir les mettre en valeur pour le bien-être collectif. Dans les années 60 la Corée du sud et la RDC avaient le même niveau en terme de PIB. La comparaison s’arrête là. La chine était encore il y trente ans une économie dirigée mais depuis 1978 les élites politique et économique en ont décidé autrement. Depuis, ce pays est la quatrième puissance du monde. Les Chinois ont débuté leur Ascension en adoptant des reformes et en mettant en place des institutions appropriée compatible à leur modèle social .



Le problème en RDC est qu’à force d’écouter pendant 80 ans de colonisation les discours des colonisateurs sur nos prétendues incapacités et infériorité, nous avons fini pas intérioriser des comportements ou attitudes des peuples inférieurs. Cette attitude, on le trouve autant chez les élites que chez les personnes non instruites. Cela constitue un danger pour une nation.

L’économiste Gerschenkron en 1962 avait dans un essai dit ceci je cite : Des économies relativement attardées pourraient rattraper plus rapidement les pays les plus avancés en se dotant « d’Institutions appropriées » (Economic Backwardness in Historical Perspective)
http://econ.Ise.ac.uk/staff/rburgess/aea/backward9.pdf.

Il convient d’insister sur le terme d’Institution appropriée car les institutions qui peuvent favoriser la croissance et le développement pour une économie précise qui se trouve á un autre stade de croissance et developpement peuvent constituer un frein á un autre stade de developpement. C’est ainsi que les mesures prises par le FMI ou la Banque mondiale peuvent profiter aux économies d’innovations mais ne peuvent pas être adoptées 100% aux économies d’imitations. Chaque économie a ses réalités, son histoire et ses différences structurelles . Il convient de tenir compte de tous ces éléments.

Ce travail ne peut être fait que par les élites nationales et non par les fonctionnaires des institutions financières internationales, ni par l'ONU.

4. La chine et le rôle de ses élites économiques.

En 1997 les pays comme l’Indonésie, la Malaisie, la Corée du sud et la Thailande ont connu une crise de change qui a frappé de plein fouet leurs économies pourtant florissantes. La Chine a échappé à cette crise , car ses élites avaient refusés d’appliquer 100% les conseils que leurs prodiguaient certains spécialistes du FMI.



Les Chinois avaient refusé de libéraliser leur marché des capitaux.

Pas plus tard que la semaine passée(nous sommes le 20.12.2006) , les chinois ont refusés aux représentants américains de surévaluer le Yuan, leur monnaie nationale comme leur demandent les américains car cela ne vas pas dans le sens des intérêts supérieurs de l’économie chinoise.



Surévaluer le Yuan aujourd’hui signifie tuer la croissance en Chine. Cela ne vas pas profiter ni á la Chine ni au monde, car aujourd’hui dans un univers mondialisé, c’est la Chine qui tire la croissance mondiale. Freiner la croissance chinoise signifie freiner la croissance mondiale pour le seul but d’alléger le déficit commercial américain. Cela n’a aucun sens.

5. L’appréciation du Yen japonais après 20 ans.

L’Effet Samuelson- Balassa
explique les raisons de l’appréciation du Yen entre 1950 à 1971 par rapports au dollar US.
Le japon a eu un taux de croissance extrêmement élevé de productivité dans le secteur des biens échangeables mais un taux beaucoup plus faible dans les biens non échangeables comme les services. La productivité croissante dans les biens échangeables a tendu à pousser les salaires à la hausse dans l’économie mais, comme la productivité est plus stagnante dans le secteur des services, ce secteur n’a pu s’aligner sur ces salaires plus élevés qu’en augmentant ses prix. Ainsi le prix relatif des biens non échangeables par rapport aux biens échangeables a augmenté dans le temps, et il l’a fait beaucoup plus rapidement qu’aux Etats-Unis où l’écart de productivité entre les biens échangeables et non échangeables est plus faible.

La chine va connaître le même processus, il ne sert à rien que les USA leur imposent une appréciation cosmétique car leur balance commerciale est déficitaire.

6. Innovations : Le Japon et la Corée du sud vers les années 1945 –1990

Les pays comme la Corée du Sud et le Japon ont connu une croissance rapide dans les années 1945 et le début des années 1990 grâce à des arrangements institutionnelles qui s’articulaient autour des relations de long terme entre les entreprises et les banques c.à.d. que le financement était bancaire (moins risqué) .



Les grandes entreprises dépendaient beaucoup de l’intervention étatique et le modèle d’entreprises était caractérisé par des conglomérat de type Samsung et Sony. On entrait sur le marché de travail á vie, le chômage était une expression méconnue.



Actuellement le Japon et la Corée du sud sont des économies d’innovations et on adapté leur modèle social en mettant en place d’autres arrangements institutionnels adaptées et compatible au niveau de leur croissance et developpement économique.

7. Innovation dans les économies d’innovations comme les USA ou la Finlande.

Le mode actuel américain qui est une économie d’innovation compte beaucoup plus sur le marché financier et sur le capital à risque pour le financement des projets d’entreprises. Une économie d’innovation compte moins sur les grands conglomérat que sur les entreprises des niches c.à.d. les Start-up. Le marché du travail est caractérisé par l’innovation créatrice.



Les nouvelles entreprises naissent et disparaissent au rythme des innovations. La flexibilité et la mobilités sont des termes qui régissent le marché du travail. Il ne s’agit plus de relation de vie et mort entre le travailleur et son entreprise comme cela fut le cas au Japon et en Corée du sud dans les années 60.



Le facteur capital et travail deviennent mobile. Le travailleur va ou se situe la croissance. C’est ainsi que certaines familles américaines déménagent régulièrement d’un Etat á un autre au gré de la croissance économique et des nouvelles opportunités de travail.

Le débat sur l’innovation technologique ne peut donc pas être l’apanage des seules économies occidentales, japonaises, coréennes ou chinoises. Il existe des possibilités d’innovation en Afrique.


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