L’Effet Dunning-Kruger, Trump, Xi-Jinping et Poutine:Le Bluff contre les Maîtres du Temps par Guy Kapayo
L’Effet Dunning-Kruger, Trump, Xi-Jinping et Poutine:Le Bluff contre les Maîtres du Temps.
L’Effet Dunning-Kruger , identifié en 1999 par les psychologues David Dunning et Justin Kruger désigne un biais cognitif selon lequel: “Les individus ayant peu de compétence ou de connaissances dans un domaine surestiment leur niveau de compétence, tandis que ceux qui sont plus compétents ont tendance à sous-estimer leur niveau”
Ce paradoxe produit deux effets contraires:
Les incompétents ont trop confiance : leur manque de savoir les empêche de reconnaître leur propre ignorance.
Les compétents doutent: parce qu’ils connaissent les limites, les incertitudes, les nuances, les complexités, ils ont tendance à relativiser leur expertise.
Apparence du savoir ET Savoir réel
Pourquoi ce biais fonctionne-t-il ?
Effet de halo: Une personne qui parle avec assurance semble compétente
Cognition paresseuse: Le cerveau humain préfère les idées simples, même fausses
Besoin de certitude : Dans un monde complexe, les gens cherchent des réponses claires/simples.
Introduction
Depuis la Maison-Blanche, Donald Trump a imposé un style de gouvernance inédit dans l’histoire contemporaine des États-Unis. Fondée sur l’instinct, l’image, le pouvoir personnel et le rapport direct avec une base électorale fanatisée, sa présidence n’a jamais vraiment suivi les codes classiques du leadership rationnel. Le problème n’est pas tant sa popularité ou ses idées — controversées mais légitimes dans le cadre démocratique — que **le moteur de ses décisions** : un narcissisme démesuré, qui semble court-circuiter la réflexion stratégique.
Lorsque la réalité géopolitique impose la prudence, Trump privilégie souvent **la réaction émotionnelle**. Lors d’un entretien avec le secrétaire général de l’OTAN, il admet fièrement qu’il n’a décidé d’envoyer des armes à l’Ukraine **qu’après un échange privé avec sa femme**, qui l’informe — après coup — que Poutine a bombardé le pays au moment même de leur appel. Ce n’est donc pas **la compréhension des enjeux militaires ou diplomatiques** qui a motivé son revirement, mais **la blessure de son ego**. Il aurait été "trompé" par un Poutine qui ne l’a pas prévenu. La logique d’État cède alors le pas à une logique de **vanité personnelle**.
Dans ce contexte, les États-Unis s’exposent à une série de risques majeurs : affaiblissement de la cohérence stratégique, perte de crédibilité internationale, fragilité institutionnelle, et surtout, **instabilité économique générée par une incertitude chronique**. Car l’économie ne se nourrit pas de slogans mais de stabilité, de prévisibilité, et de confiance dans les institutions. Comme l’écrivait Keynes en 1936, **l’incertitude radicale** est un poison pour le capitalisme. Et cette incertitude, Trump l’a érigée en mode de gouvernance.
Pendant ce temps, deux autres dirigeants avancent en silence mais avec méthode : **Vladimir Poutine** et **Xi Jinping**. Tous deux s’inscrivent dans une logique de pouvoir longue, centralisée, planifiée. Ils maîtrisent le temps, pendant que Trump se bat avec l’immédiat, l’image, et les réseaux sociaux.
Ce texte propose d’analyser cette situation sous quatre angles :
1. L’impact de l’incertitude sur l’économie ;
2. Le rôle de l’effet Dunning-Kruger dans le leadership trumpien ;
3. Le choc entre la stratégie du temps long et le bluff narcissique ;
4. Le silence des élites américaines devant le chaos.
**Chapitre 1 – L’incertitude comme poison économique : ce que Trump ne comprend pas de Keynes**
L’un des piliers du capitalisme moderne repose sur une condition fondamentale : la **prévisibilité des règles du jeu**. Les investisseurs, les entreprises, les consommateurs — tous fondent leurs décisions sur une certaine stabilité institutionnelle, politique et économique. Or, cette stabilité s’effondre lorsque celui qui gouverne introduit de l’arbitraire, de la confusion, voire de l’improvisation dans les politiques publiques.
Keynes, 1936 : quand l’incertitude paralyse l’investissement, la consommation et les dépenses publiques.
John Maynard Keynes, dans *La Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie* (1936), pose une idée révolutionnaire : **l’incertitude radicale**. Contrairement au simple risque (qu’on peut quantifier), l’incertitude désigne l’impossibilité de prévoir rationnellement l’avenir. Quand l’avenir est flou, l’économie ralentit. Les acteurs se mettent à **attendre** au lieu d’investir, à **épargner** au lieu de consommer, et à **se méfier** de l’État au lieu de coopérer avec lui.
Trump : l’instabilité comme méthode de gestion de la chose publique.
Sous Trump, cette incertitude est devenue une arme… mais aussi une faiblesse. Quelques exemples :
* **Guerre commerciale avec la Chine** : taxes douanières imposées puis suspendues, accords signés puis remis en cause, diplomatie par tweet. Les entreprises ne savent plus comment planifier leur production mondiale.
* **Retrait de traités multilatéraux** (Accord de Paris sur le climat, TPP, menaces sur l’OTAN) : les États-Unis apparaissent comme un partenaire **peu fiable**. Les grandes firmes, notamment dans les énergies renouvelables ou l’aéronautique, perdent des relais de croissance.
* **Défiance vis-à-vis des agences fédérales** (Agence de protection de l’environnement, services météorologiques, CDC pendant la pandémie) : le message est clair — la science, les institutions, les régulations sont suspectes. L’arbitraire politique prend le dessus.
Conséquence : un climat économique anxiogène
Ce climat de tension permanente engendre trois conséquences majeures :
1. **Désinvestissement** : les grandes entreprises retardent ou déplacent leurs investissements vers d’autres zones (UE, Asie).
2. **Volatilité des marchés** : les tweets de Trump suffisent à provoquer des secousses sur les marchés financiers (ex. les réactions à ses annonces sur la FED).
3. **Perte de leadership global** : les pays alliés cherchent à se désengager partiellement de la tutelle américaine, jugée imprévisible.
En comparaison : la Chine, empire de la planification
Pendant ce temps, la Chine de Xi Jinping cultive l’image inverse : un État stratège, prévisible, planificateur sur 20 ou 30 ans. Elle attire les investissements parce qu’elle parle le langage que les capitalistes aiment : **stabilité, vision, discipline**. Même si son régime est autoritaire, il crée moins d’angoisse pour les multinationales que l’Amérique de Trump.
En résumé :
Donald Trump semble ignorer un principe fondamental de l’économie moderne : **les marchés ne détestent pas la gauche ou la droite ; ils détestent l’incertitude**.
En cultivant le chaos comme style de gouvernement, il affaiblit les fondements mêmes du capitalisme qu’il prétend défendre. Pire encore, il laisse à ses adversaires stratégiques — comme la Chine — le soin d’apparaître comme les nouveaux garants de l’ordre mondial.
**Chapitre 2 – L’effet Dunning-Kruger au sommet de l’État : quand la confiance dépasse la compétence**
**Comprendre l’effet Dunning-Kruger**
L’effet Dunning-Kruger est un biais cognitif documenté en psychologie.
Quand ce biais touche un individu, cela peut être sans conséquence. Mais quand **il touche un chef d’État des USA **, et que ses décisions ont un poids mondial, **les dégâts peuvent être systémiques**.
**Donald Trump : l’illusion de savoir comme style de gouvernance**
Dès sa première campagne présidentielle, Trump a cultivé l’image d’un homme qui « comprend tout », qui « sait mieux que les experts », et qui « dit tout haut ce que les autres n’osent pas dire ». Il a su séduire une frange de la population **fatiguée des élites**, et frustrée par la complexité du monde.
Mais ce populisme du « bon sens » a masqué une réalité plus préoccupante : **Trump gouverne par intuition, non par connaissance**, et pire, **il méprise la connaissance**.
Quelques exemples :
* **Climat** : il affirme que le réchauffement climatique est une invention des Chinois, contre le consensus scientifique mondial.
* **Vaccination** : il propose des solutions farfelues (comme l'injection de désinfectant) sans consulter les scientifiques.
* **Économie** : il affirme comprendre mieux l’économie que les économistes, mais introduit des mesures protectionnistes qui nuisent à long terme aux entreprises américaines.
* **Politique étrangère** : il prétend pouvoir régler les conflits par son « intuition de dealmaker », tout en ignorant les dynamiques historiques, régionales et culturelles.
**Conséquences concrètes de cette illusion de compétence**
Ce biais cognitif ne reste pas une abstraction psychologique : il produit des erreurs de jugement graves.
1. **Décisions impulsives** : retrait unilatéral de traités internationaux, sans évaluation des conséquences.
2. **Méfiance envers les experts** : mise à l’écart des scientifiques, diplomates, militaires de carrière ou économistes reconnus.
3. **Confusion stratégique** Par exemple, il affirme simultanément que Poutine est un génie stratégique et qu’il est manipulé, sans cohérence diplomatique.
4. **Narcissisme géopolitique** : il agit pour **satisfaire son image personnelle**, non pour anticiper le long terme.
**Quand l’ignorance se déguise en force**
Aux yeux de son électorat MAGA, cette posture est perçue comme du « courage », de la « sincérité », ou même une « guerre contre le système ». Mais en réalité, **c’est un court-circuit dangereux du savoir et de la compétence**, remplacés par une gesticulation médiatique.
Pendant que Trump improvise, **Poutine planifie**, **Xi Jinping verrouille** son pouvoir, **l’UE avec Von der Leyen débat jusqu’au 1er Août 2025**, et **les marchés mondiaux réagissent** avec anxiété.
**Conclusion du chapitre : un chef d’État n’est pas un animateur télé**
L’effet Dunning-Kruger appliqué à la présidence devient une menace institutionnelle : **il transforme la décision politique en spectacle**, où le style compte plus que la substance.
Or, une démocratie fondée sur la connaissance partagée et la responsabilité exige l’inverse : **écouter les experts, reconnaître ses limites, et anticiper les conséquences**. La surconfiance devient ici non seulement une faiblesse, mais **un facteur de chaos à l’échelle planétaire**.
**Chapitre 3 – Le populisme contre la vérité : quand le mensonge devient une stratégie politique*
**Quand la vérité devient un ennemi politique**
Dans toute démocratie, **la vérité factuelle** — celle établie par des faits, des enquêtes, des données — est essentielle. C’est ce qui permet aux citoyens de juger, de comparer, de critiquer, de voter. Mais dans l’ère Trump, une rupture s’est produite : **la vérité n’est plus seulement ignorée — elle est attaquée**.
Le populisme contemporain, dont Trump est une figure centrale, ne cherche pas seulement à **séduire le peuple contre les élites**. Il cherche à **détruire les bases du savoir partagé** : médias, justice, science, institutions.
**La stratégie du mensonge assumé**
Trump ne ment pas à la manière classique, avec discrétion ou honte. Il **multiplie les contre-vérités**, même quand les faits sont faciles à vérifier. Pourquoi ?
Parce que **le mensonge devient une démonstration de force**.
Mentir publiquement, en direct, et ne pas être sanctionné par son électorat, c’est **prouver qu’on est au-dessus des règles**. C’est marquer un territoire. Voici quelques exemples emblématiques :
* Il affirme que **l'inauguration de son mandat a rassemblé plus de monde** que celle d’Obama, malgré les photos satellites.
* Il répète que **les élections de 2020 ont été truquées**, sans preuve, malgré des dizaines de décisions judiciaires contraires.
* Il qualifie systématiquement les médias qui le critiquent de **"Fake News"**.
* Il accuse ses adversaires politiques de complots imaginaires : "État profond", pédocriminalité, cabales secrètes.
**L'érosion des repères collectifs**
Ce populisme du mensonge ne produit pas seulement des polémiques. Il **affaiblit profondément la cohésion sociale** :
* Les citoyens **ne savent plus à qui faire confiance**.
* Les journalistes, scientifiques et magistrats **deviennent des cibles**.
* Les institutions de contrôle **perdent en légitimité**.
* Les discussions publiques **se polarisent** jusqu'à devenir violentes.
En créant deux mondes parallèles — l’un basé sur les faits, l’autre sur les croyances — Trump installe une logique de **guerre culturelle permanente**, où **la vérité est secondaire face à l’appartenance politique**.
**“Alternative Facts” : la victoire symbolique du mensonge**
Quand l’ancienne conseillère de Trump, Kellyanne Conway, a parlé d’**“alternative facts”**, elle ne commettait pas un simple abus de langage : elle théorisait **une nouvelle forme de pouvoir**, où chacun a “sa vérité”. C’est la mort du débat rationnel.
Le populisme ne veut pas convaincre par argument, il veut **imposer un récit émotionnel**, réconfortant, identitaire. Peu importe que ce récit soit faux : **il fonctionne** car il flatte le ressentiment, la peur, la nostalgie.
**Conclusion du chapitre : une démocratie sans vérité devient une illusion**
La démocratie ne repose pas seulement sur des élections : elle repose sur **un socle commun de vérité minimale**.
Quand la politique devient un spectacle de slogans, de mensonges, de mises en scène — **le peuple devient spectateur, non acteur**.
Et c’est peut-être là, le plus grand danger du trumpisme : **il prépare une société post-démocratique**, où **la loyauté à un leader** vaut plus que **l’attachement aux faits**.
**Chapitre 4 – La Chine, l’ennemi discret mais structuré**
**La Chine avance pendant que l’Amérique regarde ailleurs**
Pendant que les États-Unis s’enfoncent dans des **crises internes de confiance, d’identité et de gouvernance**, la Chine avance méthodiquement. Là où Trump cherche le choc, le spectacle, la rupture… **Pékin planifie, structure, et agit en silence**.
Depuis l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping, la Chine a adopté une stratégie claire :
**déstabiliser les équilibres mondiaux sans entrer frontalement en guerre**.
Pendant que les États-Unis se replient sur eux-mêmes, la Chine **gagne du terrain diplomatique, économique, technologique, militaire**.
**L'avantage du temps long**
La première supériorité de la Chine, c’est **sa maîtrise du temps**.
Alors que les présidents américains gouvernent par cycles électoraux de 4 ans, **Xi Jinping s’est octroyé un pouvoir à durée indéterminée**. Il n’a pas besoin de plaire à une base électorale, ni de gérer les caprices d’un Congrès.
Cela lui permet :
* De **déployer des plans économiques à 10, 20, voire 30 ans** (ex. : "Made in China 2025", "la Route de la Soie").
* D’**organiser un contrôle technologique de la société** à travers l’IA, la surveillance, le crédit social.
* De **tisser des liens économiques avec l’Afrique, l’Amérique latine, l’Asie centrale**, pendant que les USA se referment.
**Le sérieux économique contre le chaos impulsif**
Pendant que Trump multiplie **les taxes douanières incohérentes**, **les menaces contre ses partenaires**, et **les ruptures d’accords internationaux**, la Chine joue une partition plus subtile.
Exemples :
* Les entreprises chinoises bénéficient d’un **soutien d’État massif**, pendant que Trump laisse les marchés décider au jour le jour.
* Le yuan est **géré stratégiquement** pour favoriser les exportations, tandis que le dollar souffre d’un déficit de crédibilité.
* La Chine **investit dans la transition énergétique, la 6G, l’IA**, alors que les USA sont tiraillés entre climatoscepticisme et désindustrialisation.
En somme, **la Chine se structure pendant que les USA improvisent**.
**Technocratie vs Narcissisme**
Xi Jinping n’est pas un démocrate. Il dirige un régime autoritaire. Mais son pouvoir repose sur une **technocratie disciplinée**, une culture du sérieux, et une obsession du long terme.
Trump, à l’inverse, **fonctionne à l’instinct, au tweet, à la flatterie**, et méprise les experts.
Cette opposition n’est pas seulement idéologique : **elle structure le XXIe siècle**.
**L’Amérique face à une superpuissance patiente**
Ce que Trump ne semble pas comprendre — ou feint d’ignorer — c’est que **la Chine ne veut pas une guerre frontale. Elle veut que l’Amérique s’autodétruise**. Et le trumpisme, en instaurant un climat de chaos, de divisions internes, de désinformation et de perte de repères, **sert objectivement les intérêts chinois**.
**Conclusion du chapitre : pendant que l’orchestre joue, le navire prend l’eau**
Trump danse avec son électorat sur la musique du populisme, mais **la géopolitique n’attend pas**.
La Chine ne parle pas. Elle construit. Elle place ses pions. Et bientôt, **elle imposera ses règles** — parce que l’Amérique aura abandonné les siennes.
**Chapitre 5 – L’Europe désorientée : entre complicité et impuissance**
**Un continent pris entre deux géants**
L’Europe, traditionnellement alliée des États-Unis, est devenue une spectatrice désabusée de l’ère Trump.
Elle se trouve aujourd’hui **dans une position inconfortable** : entre un **partenaire américain devenu instable** et une **Chine montante dont elle dépend de plus en plus économiquement**.
L’arrivée de Trump au pouvoir a mis en lumière un fait brutal :
L'Europe n’a pas d'autonomie stratégique réelle.
**La dépendance transatlantique remise en question**
Sous Trump, l’OTAN a été publiquement humiliée.
Les relations économiques transatlantiques ont été déstabilisées par **des droits de douane punitifs**, notamment sur l’acier, l’aluminium ou les produits agricoles.
Et surtout :
> Les Européens ont compris qu’en cas de crise mondiale, **Trump agira seul**, sans concertation.
Cela a semé **la panique stratégique** à Bruxelles, Berlin et Paris.
**Une Union européenne en panne de vision**
Face aux bouleversements géopolitiques :
* Le Brexit a affaibli l’unité politique européenne.
* L’Allemagne, longtemps moteur économique, est paralysée par son pacifisme et sa dépendance à l’énergie.
* La France parle d’« autonomie stratégique » mais peine à convaincre ses partenaires.
L’Europe **multiplie les discours mais agit peu**. Elle subit les choix de Trump sans réelle capacité de réponse.
**L’économie européenne : entre le marteau américain et l’enclume chinoise**
L’Europe dépend à la fois :
* **des États-Unis pour sa sécurité militaire (OTAN)**,
* **et de la Chine pour ses exportations industrielles et ses chaînes d’approvisionnement.**
Ce double lien est devenu un piège. Quand Trump déstabilise les marchés ou menace de sanctions secondaires, **les entreprises européennes sont prises en otage.**
Exemples :
* Les sanctions contre l’Iran ont obligé Total, Peugeot ou Siemens à se retirer.
* Les pressions contre Huawei ont créé des divisions internes en Europe.
* L’Allemagne dépend des exportations vers la Chine, ce qui freine toute prise de position géopolitique.
**Une impuissance stratégique assumée ?**
En réalité, **l’Europe ne veut pas vraiment choisir**.
Elle critique Trump en façade, mais elle suit.
Elle s’inquiète de la Chine, mais elle commerce.
C’est une forme de **complicité passive**. Un continent qui :
* Préfère la stabilité économique à l’indépendance stratégique,
* Se réfugie derrière la « diplomatie » pour masquer **une absence de volonté politique forte.**
**Conclusion du chapitre : Le chaînon faible du triangle mondial**
Face à l’affrontement USA–Chine, l’Europe n’est ni arbitre, ni médiateur.
Elle est **le chaînon faible** — trop divisée pour peser, trop dépendante pour s’émanciper.
Et tant que les États-Unis seront dirigés par des présidents instables, comme Trump, **l’Europe reste dans l’attentisme, le suivisme… ou l’effacement.**
**Chapitre 6 – Narcissisme et leadership : quand l’ego devient politique**
**De la psychologie à la politique : comprendre le narcissisme**
Le narcissisme en politique n’est pas nouveau.
Des dirigeants comme Napoléon, Mussolini ou Trump ont démontré qu’un **ego surdimensionné peut devenir un moteur d’action… mais aussi de destruction.**
Le narcissisme pathologique se traduit par :
* Une **recherche obsessionnelle de reconnaissance**,
* Une **intolérance à la contradiction**,
* Une tendance à **prendre les décisions en fonction de son image**, et non de la réalité.
**Trump : le miroir avant le monde**
Donald Trump gouverne avec **le miroir comme boussole** :
> Ce qui compte n’est pas le contenu de la décision, mais l’effet qu’elle produit sur **son image** – auprès de son électorat, des médias, ou… de sa propre famille.
Exemple frappant :
Lors de la rencontre avec le patron de l’OTAN, Trump vante son entretien avec Poutine.
Mais en rentrant chez lui, **son épouse lui signale que Poutine vient de bombarder l’Ukraine.**
Blessé dans son orgueil, Trump change de ton et décide finalement d’envoyer des armes à Kyiv (Ces armes seront financés par l’Union Européenne …C’est papa qui le veut ).
Ce n’est **ni la stratégie**, ni la morale, ni le droit international qui guident l’action présidentielle.
C’est **l’ego blessé**, et non l’analyse géopolitique.
**Le spectacle du pouvoir au détriment de la réalité**
Dans ce modèle de gouvernance :
* **La forme l’emporte sur le fond**
* **Le tweet surclasse le rapport d’expert**
* **Le buzz médiatique efface la diplomatie patiente**
Trump, comme d’autres dirigeants populistes, transforme l’exercice du pouvoir en **spectacle permanent**.
Mais ce spectacle a un coût : **l’imprévisibilité** et **la perte de crédibilité des institutions.**
**L’instabilité comme méthode**
Le narcissisme en politique ne produit pas seulement des maladresses. Il **institutionnalise l’instabilité.**
Exemples :
* Menacer un allié le lundi, le féliciter le mardi, puis l’ignorer le mercredi.
* Faire des déclarations contradictoires sur la Chine, l’Ukraine, l’OTAN… sans stratégie lisible.
Ce chaos permanent désoriente les partenaires et affaiblit **la position des États-Unis dans le monde.**
Mais pour le narcissique, cela **renforce son sentiment de toute-puissance :**
« Puisque tout dépend de moi, alors je suis au centre de tout. »
**Conséquences géopolitiques du narcissisme présidentiel**
1. **Politique étrangère incohérente** : les alliés ne savent plus à quoi s’en tenir.
2. **Perte de crédibilité** dans les négociations internationales.
3. **Fragilisation des institutions américaines**, mises au service d’un homme, pas d’un pays.
4. **Création d’un vide stratégique** : les puissances adverses (Chine, Russie) profitent de l’incohérence américaine.
**Conclusion : un leadership sous influence intérieure**
La politique étrangère d’un État devrait être fondée sur la stabilité, la projection dans le temps long, et la défense de l’intérêt national.
Or ici, elle est soumise **aux blessures narcissiques d’un homme.**
L’ego devient une menace pour l’équilibre du monde.
**Conclusion générale **
Le cas de Donald Trump illustre parfaitement les dangers qui guettent une démocratie lorsque le pouvoir exécutif est exercé par un dirigeant où le narcissisme et l’illusion de tout savoir priment sur la compétence réelle et la prudence stratégique.
L’effet Dunning-Kruger manifeste dans son style de gouvernance, associé à une gestion impulsive et instable des enjeux économiques et géopolitiques, a engendré une profonde incertitude tant au niveau national qu’international.
Cette période met en lumière la fragilité des institutions face à des dirigeants qui, par leur posture, érodent la confiance dans l’expertise et la rationalité démocratique.
Face à une Chine rigoureuse et patiente, les États-Unis de Trump ont ressemblé à une usine à chaos, incapable de formuler une vision claire à long terme.
La leçon essentielle est que la **véritable puissance d’un État réside dans la stabilité de ses institutions et la compétence de ses dirigeants, non dans l’apparence d’une autorité fondée sur le charisme ou la seule conviction personnelle.**
**Bibliographie sélective**
* Keynes, John Maynard (1936). *The General Theory of Employment, Interest and Money*. Macmillan.
* Dunning, David & Kruger, Justin (1999). “Unskilled and unaware of it: how difficulties in recognizing one's own incompetence lead to inflated self-assessments.” *Journal of Personality and Social Psychology*, 77(6), 1121–1134.
* Zakaria, Fareed (2020). *Ten Lessons for a Post-Pandemic World*. W\.W. Norton & Company.
* Mearsheimer, John J. (2014). *The Tragedy of Great Power Politics*. W\.W. Norton & Company.
* Zakaria, Fareed (2017). “Trump’s dangerous narcissism,” *The Washington Post*.
* Fukuyama, Francis (2018). *Identity: The Demand for Dignity and the Politics of Resentment*. Farrar, Straus and Giroux.
* Nye, Joseph S. (2011). *The Future of Power*. PublicAffairs.
* Articles récents sur la gestion Trump de la pandémie COVID-19, crise économique et politique internationale (The New York Times, The Economist, Foreign Affairs).
Conception et écriture: Kapayoalimasi@gmail.com, ville de Mainz, en Allemagne, ce mercredi 16 juillet 2025
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